Pourquoi est-il important de détecter tôt les signes de déclin cognitif ?

Prendre conscience des signes précoces n'est pas faire preuve de pessimisme, mais de bienveillance : cela permet aux personnes concernées et à leurs proches d’adapter l’environnement, le mode de vie ou encore les accompagnements disponibles. Selon Santé Publique France, près de 1,2 million de personnes vivent avec la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée, et l’on estime que 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France (Santé Publique France).

Identifier les tout premiers symptômes peut permettre :

  • De solliciter un professionnel de santé pour un bilan adapté, voire de débuter tôt un suivi.
  • D’adapter les gestes du quotidien et l’entourage pour plus de sécurité.
  • De lutter contre l’isolement et trouver des ressources ou des soutiens à disposition.

Déclin cognitif : de quoi parle-t-on vraiment ?

Il ne s’agit pas uniquement de la maladie d’Alzheimer ou d’une démence installée. Le déclin cognitif léger (MCI - Mild Cognitive Impairment en anglais) désigne la période pendant laquelle des troubles transitoires apparaissent, mais où la personne reste autonome. Ces signes sont parfois difficiles à repérer, car ils peuvent paraître anodins ou être attribués à « l’âge » ou à la fatigue.

  • La cognition regroupe la mémoire, l’attention, la compréhension, le langage, la capacité à résoudre les problèmes, etc.
  • Déclin cognitif léger : il concerne 10% à 20% des plus de 65 ans (Haute Autorité de Santé).
  • Tout déclin n’est pas synonyme de maladie neurodégénérative, mais il mérite une attention particulière pour un dépistage précoce.

Quels sont les premiers signes à surveiller ?

Si les troubles de la mémoire sont les plus connus, ils ne sont pas les seuls à alerter. Les premiers signes peuvent concerner différents domaines : langage, raisonnement, comportement… Voici les signes fréquemment observés, appuyés par des situations concrètes.

1. Troubles de la mémoire récente

  • Oublis fréquents et inhabituels: répéter plusieurs fois la même question, ne pas se souvenir d’un rendez-vous récent, ou égarer souvent les objets du quotidien.
  • Difficulté à se rappeler des événements récents: difficulté à se souvenir de ce qu’on a fait la veille ou le matin même.
  • Perte de repères dans le temps : hésiter sur le jour de la semaine ou la saison, sans raison évidente.
  • Exemple : une personne peut oublier systématiquement où elle range ses clés, alors que ce n’était pas dans ses habitudes auparavant.

À savoir : Selon France Alzheimer, 80 % des patients présentent d’abord ce type de troubles (France Alzheimer).

2. Diminution du jugement et prise de décision

  • Mauvais choix dans la gestion des finances personnelles: payer deux fois une facture ou, au contraire, oublier des paiements habituels.
  • Difficulté à résoudre des situations du quotidien: comme suivre une recette simple ou planifier un itinéraire déjà connu.

Exemple : une personne active peut avoir du mal à organiser une liste de courses ou à faire face aux imprévus domestiques.

3. Troubles du langage

  • Hésitation à trouver ses mots ou remplacer un terme familier par un mot « fourre-tout ».
  • Difficulté à suivre une conversation, à comprendre un échange, ou à perdre le fil.
  • Certains peuvent accuser leur interlocuteur de « mal s’exprimer » alors que le problème vient de leur propre difficulté à traiter l’information.

Selon l’INSERM, au moins 70% des personnes admises dans un centre mémoire mentionnent un trouble du langage (INSERM).

4. Problèmes d’orientation et confusion dans l’espace

  • Se perdre dans des endroits familiers, même proches du domicile.
  • Ne plus réussir à retrouver le chemin du retour après une promenade habituelle.
  • Confondre les pièces de la maison ou se tromper sur la destination d’un objet.

Un exemple fréquent : prendre la mauvaise sortie de son quartier alors que l’on emprunte ce trajet depuis des années.

5. Modification du comportement ou de l’humeur

  • Perte d’initiative, apathie, désintérêt soudain pour des activités auparavant importantes.
  • Irritabilité inhabituelle ou réactions disproportionnées à des contrariétés bénignes.
  • Isolement: retrait social progressif, moins d’envies de sortir ou de voir ses proches.

À surveiller : selon le réseau mémoire Aloïs, plus d’un tiers des aidants remarquent d’abord un changement d’attitude avant de remarquer les troubles de mémoire.

6. Difficultés avec les tâches routinières

  • Oublier l’ordre des étapes pour préparer un plat simple ou pour arroser les plantes.
  • Négligence de l’hygiène corporelle (se laver, se changer, faire sa toilette régulièrement...).

Ces difficultés sont plus visibles lors d’évènements inhabituels (préparer un repas de famille, faire un déplacement), mais peuvent aussi se manifester lors de tâches banales.

Différence entre vieillissement normal et déclin pathologique : comment faire la part des choses ?

Le vieillissement s’accompagne naturellement de certains ralentissements, mais tout oubli ne doit pas inquiéter. Voici quelques points de repère pour faire la distinction :

Vieillissement normal Déclin cognitif préoccupant
Oublier un nom mais s’en rappeler plus tard Oublier fréquemment des noms ou des mots, sans les retrouver
S’égarer brièvement, mais retrouver son chemin Se perdre dans des lieux familiers, difficultés persistantes d’orientation
Se tromper occasionnellement de jour Confusion fréquente sur la date, la saison, l’année
Parfois besoin d’aide pour la gestion d’un nouvel appareil Perte d’autonomie dans des gestes quotidiens simples

Ce qui doit alerter: l’intensité, la fréquence et leur impact sur la vie quotidienne. Si les oublis ou difficultés deviennent réguliers, entravent l’autonomie, ou sont remarqués par l’entourage, il est nécessaire de consulter.

Facteurs de risque et aggravants

Certains facteurs favorisent la survenue d’un déclin cognitif, parfois plusieurs années avant les premiers symptômes :

  • L’âge: principal facteur, surtout après 65 ans.
  • Antécédents familiaux de maladies neurodégénératives.
  • Mode de vie : sédentarité, alimentation déséquilibrée, absence de stimulation intellectuelle.
  • Facteurs médicaux non contrôlés: hypertension, diabète, cholestérol, troubles du sommeil, dépression…
  • Isolement social.

L’OMS estime que des actions sur ces facteurs pourraient empêcher ou retarder jusqu’à un tiers des cas de démence (Organisation Mondiale de la Santé).

Comment réagir si l’on repère des signes suspects ?

  • Consulter rapidement le médecin traitant : il pourra proposer des tests de mémoire, orienter vers un neurologue ou un centre mémoire si besoin.
  • Tenir un carnet : noter les situations où surviennent les troubles, leur fréquence et leur impact, pour mieux en parler lors de la consultation.
  • En parler en confiance : il peut être délicat d’aborder le sujet avec un proche, mais il est important de ne pas laisser la personne seule face à la situation.
  • Éviter l’auto-diagnostic : certains troubles de mémoire peuvent avoir pour cause une dépression, la prise d’un médicament, une carence, ou d’autres pathologies médicales.

Quelles ressources pour le dépistage et le soutien local ?

  • Les consultations mémoire : disponibles dans les hôpitaux de la région et les centres spécialisés, sur orientation médicale.
  • Les caisses de retraite et les CCAS : informations sur les aides et accompagnements.
  • Associations et groupes de parole : France Alzheimer, CLIC (Centres Locaux d’Information et de Coordination), etc., pour un accompagnement adapté.
  • Plateformes locales d’accompagnement : consultez la page « Ressources locales » du site pour trouver des adresses près de chez vous.

Redonner confiance et agir au quotidien

Déceler de manière précoce les signes d’un déclin cognitif, c’est donner à chacun la chance d’agir sur sa santé. Qu’il s’agisse d’ajuster son mode de vie, d’adapter son environnement ou de créer un cercle de soutien, l’information reste la première étape. N’ayez pas peur d’aborder le sujet, de solliciter un professionnel ou de vous appuyer sur les ressources proches de chez vous : la vigilance et la bienveillance sont des alliées précieuses.

N’hésitez pas à explorer les articles du site pour approfondir les questions liées au bien-vieillir, à l’autonomie et aux solutions innovantes en Bugey et dans la Côtière : s’informer, c’est déjà prendre soin de soi.

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