Qu’appelle-t-on « effets secondaires » chez les seniors ?

Les effets secondaires désignent l’ensemble des manifestations non désirées pouvant survenir suite à la prise d’un traitement, d’un changement d’habitude alimentaire, d’une maladie ou encore d’une interaction entre plusieurs causes. On parle également de réactions indésirables. Chez les personnes âgées, le terme prend une dimension particulière car l’organisme réagit différemment avec l’âge (source : Assurance Maladie).

  • Fonctionnement du foie et des reins ralenti (médicaments moins bien éliminés)
  • Changements dans la composition corporelle (plus de masse grasse, moins de masse maigre)
  • Fragilités accrues (chutes, confusion, risques de déshydratation…)

Pourquoi les seniors sont-ils plus exposés aux effets secondaires ?

  • La polymédication : en France, près d’une personne de plus de 75 ans sur deux prend au moins 5 médicaments chaque jour (ANSM, 2022).
  • L’organisme s’adapte différemment aux traitements et substances
  • Des maladies chroniques multiples (diabète, hypertension, arthrose, etc.) qui compliquent la surveillance de chaque réaction individuelle
  • Des dosages qui doivent parfois être ajustés à l’âge ou selon l’état de santé général

On estime ainsi que 10 à 20 % des hospitalisations des plus de 65 ans sont liées à des effets secondaires de médicaments ou à des interactions médicamenteuses (Ministère de la Santé, 2021).

Les effets secondaires les plus fréquents chez les seniors

Certains effets indésirables reviennent fréquemment chez les personnes âgées. Certains sont peu graves, d’autres peuvent réellement nuire à la qualité de vie ou mettre la santé en danger. Savoir les reconnaître, c’est pouvoir réagir rapidement.

1. Les troubles digestifs

  • Constipation : Souvent liée à certains antidouleurs, anti-inflammatoires, anti-hypertenseurs ou parce que l’alimentation change.
  • Nausées et vomissements : Surtout avec des antibiotiques, opiacés, ou chimiothérapies.
  • Diarrhées : Parfois liées à certains laxatifs, antibiotiques ou au mode de vie (problème d’hydratation, etc.).

2. Les troubles neurologiques et cognitifs

  • Somnolence ou confusion : Certains médicaments anxiolytiques, antidépresseurs, antidouleurs ou liés à des troubles métaboliques (ex. : sucre sanguin trop bas) induisent une baisse de vigilance, des troubles de mémoire, un risque accru de chute.
  • Syndromes confusionnels : Apparition brutale d’un état de désorientation, qui nécessite un avis médical rapide, surtout si la personne ne présente habituellement pas de troubles cognitifs.

3. Les troubles cardiovasculaires

  • Chutes de tension ou hypotension orthostatique : En se levant trop vite, la tension baisse et provoque des étourdissements, voire des malaises, parfois dus à des médicaments pour la tension, la dépression ou la prostate.
  • Rythme cardiaque irrégulier : Certains traitements (antidépresseurs, bêtabloquants, diurétiques…) peuvent ralentir le cœur ou l’accélérer, exposant à un risque cardiovasculaire.

4. Les troubles métaboliques

  • Hyponatrémie (manque de sodium) : Provoquée par des diurétiques ou certains antidépresseurs, elle cause confusion, fatigue, crampes et expose aux malaises.
  • Hyperkaliémie (excès de potassium) : Risque cardiaque si le rein ne l’élimine plus correctement (via certains traitements cardiaques ou du diabète).

5. Les problèmes cutanés et infectieux

  • Démangeaisons, rougeurs ou allergies : De nombreux médicaments provoquent des réactions sur la peau, parfois assez impressionnantes.
  • Fragilité cutanée : Les corticoïdes, certains anticoagulants, augmentent le risque d'hématomes, d’ecchymoses, de plaies.
  • Infections à répétition : Certains traitements immunosuppresseurs ou antibiotiques favorisent les candidoses (mycoses de la bouche ou du tube digestif) [HAS].

6. Les chutes et pertes d’équilibre

De nombreux médicaments favorisent ou aggravent le risque de chute : somnifères, anxiolytiques, antidépresseurs, antihypertenseurs. En France, une chute sur deux chez les plus de 80 ans a lieu à domicile, et chaque année plus de 450 000 seniors font au moins une chute entraînant parfois une hospitalisation (Santé publique France, 2023). Les effets secondaires favorisant la somnolence, la faiblesse musculaire ou les mouvements brusques doivent toujours être surveillés.

Effets secondaires inhabituels mais importants chez les personnes âgées

  • Rétention urinaire : Certains antihistaminiques ou antidépresseurs empêchent de bien vider la vessie et augmentent le risque d’infection.
  • Atteinte de l’audition ou vertiges : Certains antibiotiques, médicaments pour le cœur ou pour l’équilibre psychique, induisent des acouphènes ou des pertes auditives chez certains sujets vulnérables.
  • Effets sur la vision : L’aspect visuel est souvent modifié avec la prise de certains comprimés pour l’hypertension ou la rétention d’eau.
  • Bouffées délirantes, hallucinations : Habituellement rares, elles peuvent toutefois apparaître chez certaines personnes âgées très sensibles ou en cas d’accumulation de médicaments (exemple : Parkinson).

Les grands « pièges » des effets secondaires chez les seniors

1. Méconnaissance ou sous-estimation des symptômes

  • Un trouble digestif ou une baisse d’appétit peut sembler banal. Pourtant, chez le senior, cela peut cacher une réaction médicamenteuse à surveiller.
  • La confusion ou l’état d’hébétude ne sont pas uniquement liés à « l’âge », mais peuvent trahir un déséquilibre ou une intoxication légère.

2. Les interactions entre plusieurs traitements

La combinaison de médicaments (y compris des plantes ou traitements en automédication) décuple les effets secondaires possibles. Selon la revue Prescrire : environ 25 % des effets secondaires graves chez les plus de 65 ans sont liés à des interactions médicamenteuses. Cela nécessite une vigilance accrue, surtout lors du renouvellement d’ordonnances ou de la prise ponctuelle de nouveaux traitements.

3. L’automédication et la répétition des erreurs

  • Prendre plusieurs médicaments pour le même symptôme (douleur, grippe, etc.) peut créer des surdoses.
  • L’achat de produits en pharmacie/parapharmacie sans avis médical aggrave les risques d’effets indésirables, notamment pour les antitussifs, somnifères ou compléments alimentaires.

Comment limiter le risque d’effets secondaires ?

  • Lecture attentive des notices : Sauf exception, toute réaction nouvelle ou gênante doit être signalée au médecin.
  • Faire régulièrement le point sur les traitements : Demande de réévaluation si un médicament paraît inutile ou s’il existe une alternative mieux tolérée.
  • Tenir un « carnet de santé » ou une liste de ses traitements à présenter lors de chaque consultation ou service d’urgence.
  • Signaler systématiquement tout début, interruption ou modification de traitement (même une plante ou un complément alimentaire).
  • S’assurer d’une hydratation et d’une alimentation adaptées, éléments indispensables pour le bon fonctionnement des reins, du foie et pour limiter les risques digestifs.

Quand faut-il consulter ?

  • Perte de connaissance, malaise inexpliqué
  • Chute récente, surtout associée à de nouveaux médicaments
  • Confusion aiguë, trouble de l’équilibre, très forte fatigue
  • Troubles digestifs persistants ou sévères (vomissements, diarrhée, constipation très gênante)
  • Saignement inhabituel, éruption cutanée importante

L’intervention précoce est essentielle : selon l’Assurance Maladie, plus de la moitié des effets secondaires sérieux chez les personnes âgées pourraient être évités par une surveillance adaptée et des ajustements précoces des traitements (Assurance Maladie).

Chiffres clés et ressources utiles pour aller plus loin

Vers un bien-vieillir informé, alerte et accompagné

Mieux connaître les effets secondaires courants, c’est aussi renforcer la capacité à prévenir, réagir, dialoguer avec les professionnels et préserver son autonomie. L’information, la communication avec le médecin ou le pharmacien, et la vigilance au quotidien restent les meilleures armes contre les complications évitables. Être attentif à son corps – et à celui de ses proches – c’est aussi une manière de continuer à bien vieillir, entouré et acteur de sa santé.

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