Un médicament générique, c’est quoi exactement ?

Dans les rayons des pharmacies, ce choix est devenu courant : original ou générique ? D’un côté, un nom connu ; de l’autre, un médicament plus abordable. Mais qu’est-ce qui les distingue vraiment et, surtout, peut-on leur faire confiance ? Depuis 1999, la politique du médicament générique est au cœur de notre système de santé, et aujourd’hui, plus de 35% des boîtes délivrées en France sont des génériques (ameli.fr).

Un médicament générique est une copie quasi identique d’un médicament original (dit "princeps"), dont le brevet est tombé dans le domaine public au bout de plusieurs années. Pour recevoir une autorisation de mise sur le marché, il doit respecter trois principes clés :

  • Contenir la même substance active à la même dose que le médicament de marque ;
  • Être prescrit pour les mêmes indications et administré par la même voie ;
  • Montrer la même efficacité thérapeutique et la même sécurité ; c’est ce qu’on appelle l’équivalence de bioéquivalence.

Les différences concernent le plus souvent les excipients (les "ingrédients" non actifs qui servent à fabriquer le comprimé ou le sirop, par exemple) et parfois l’aspect (forme, couleur).

Pourquoi les génériques coûtent-ils moins cher ?

C’est une donnée qui intrigue, et parfois inquiète : un générique coûte souvent 20 à 60% de moins que le médicament d’origine (ministère de l’Économie). Pourquoi ? Parce que les laboratoires qui produisent les génériques n’ont pas à financer les essais cliniques initiaux ni la recherche du médicament. Leur mission : prouver que leur copie agit comme l’original. Cela permet d’abaisser les coûts, d’autant que la fabrication se fait souvent à grande échelle.

Pour le système de santé, cette différence est essentielle : en 2022, les médicaments génériques ont permis à l’Assurance maladie d’économiser près de 2 milliards d’euros en France (Leem.org).

Quelle est la différence en termes d’efficacité ?

C’est LA question essentielle pour beaucoup : est-ce que ça soigne aussi bien ? Les autorités (l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’ANSM) imposent aux génériques de démontrer une "bioéquivalence" : cela signifie que, une fois ingéré, le médicament générique se diffuse dans l’organisme de la même manière que l’original.

Pour obtenir l’autorisation, le laboratoire doit prouver que la vitesse et la quantité de substance active "libérées" dans le sang ne diffèrent pas de plus ou moins 20% par rapport à l’original (ansm.fr). Cela correspond à une marge admise qui existe aussi entre deux lots d’un médicament de marque.

  • Dans la grande majorité des cas, cette marge ne représente aucune différence ressentie pour le patient.
  • Les études démontrent que les génériques sont tout aussi efficaces, que ce soit pour la pression artérielle, l’antibiotique, l’antalgique ou d’autres familles de médicaments.

Une étude canadienne menée sur plus de 30 000 patients ayant reçu un statine (médicament contre le cholestérol) n’a montré aucune différence d’efficacité entre générique et original (BMJ).

Certaines familles de médicaments sensibles (antiépileptiques, hormones thyroïdiennes, anticoagulants oraux…) peuvent demander une surveillance accrue lors du passage du médicament de marque au générique. Cette adaptation doit toujours se faire en dialogue avec le médecin.

Y a-t-il des effets secondaires ou des réactions différentes ?

C’est un sujet qui revient souvent : si la molécule est la même, pourquoi certains patients disent ressentir des effets différents ?

  • Les différences d’excipients (lactose, colorants, agents de texture…) expliquent ces sensations.
  • La forme du comprimé ou le goût peuvent induire, surtout chez l’enfant ou chez certains seniors, des gênes à la prise ou une perte de repères.

Statistiquement, moins de 1% des patients signalent une réaction indésirable liée à un changement de générique à l’ANSM (ansm.fr).

Les médicaments génériques sont-ils plus difficiles à reconnaître ?

Un changement de la boîte, du nom, de la taille ou de la couleur du médicament peut désorienter, notamment dans l’avancée en âge :

  • Le nom du médicament générique est souvent celui de la molécule suivie du nom du fabricant ; il peut changer lors d’un renouvellement en pharmacie.
  • En 2023, plus de 50% des situations d’erreurs médicamenteuses à domicile sont liées à la confusion entre deux spécialités similaires (Gouvernement.fr).
  • Pour limiter la confusion, demandez conseil à votre pharmacien, utilisez un pilulier ou conservez la notice.

Le point sur l’automédication et les conseils pratiques

Générique ou pas, ces conseils sont utiles pour tous :

  • Ne jamais interrompre un traitement sans avis médical
  • Signaliser rapidement tout effet inattendu ou changement dans la routine
  • Bien conserver le médicament dans son emballage d’origine pour éviter toute erreur
  • En cas de doute sur la couleur ou le nom d’un médicament, demandez l’avis du pharmacien

Tout changement, même du générique vers l’original ou inversement, doit se faire en accord avec le professionnel de santé, suivant votre situation personnelle (allergies, fragile équilibre thérapeutique…).

L’économie des génériques : un impact fort pour tous

Au-delà de l’avantage pour le patient, le médicament générique joue un rôle essentiel dans la maîtrise des dépenses de santé :

  • Les économies générées permettent de financer des traitements innovants et coûteux
  • En 2022, plus de 3 Français sur 4 ont eu au moins une délivrance de générique à la pharmacie (Génériques info)

Il existe néanmoins des disparités : la France est encore en retrait par rapport à d’autres pays européens pour la prescription de médicaments génériques. L'Allemagne ou le Royaume-Uni dépassent les 80% d’utilisation contre 35 à 40% en France (Leem, Baromètre Génériques 2022).

Faites-vous confiance aux génériques ? Comment garder votre liberté de choix ?

Dans certains cas, le médecin peut indiquer sur l’ordonnance la mention “Non substituable”, pour préserver un équilibre fragile (épilepsie, situations allergiques…). Mais pour la plupart des traitements, le choix du générique assure la même efficacité. D’après un sondage BVA de 2022, 70% des Français se disent confiants envers les médicaments génériques, même si 21% expriment encore des hésitations (source : baromètre BVA 2022).

  • Il est possible de refuser, une fois, le générique à la pharmacie, mais la prise en charge par l’Assurance maladie sera minorée, sauf cas exceptionnels.
  • La signature de la mention « Non substituable » reste de la décision du prescripteur, au cas par cas, et soumise à justification.
  • La relation de confiance avec médecin et pharmacien est la clé pour s’y retrouver et faire respecter vos préférences ou besoins spécifiques.

Certaines associations de patients promeuvent une meilleure information afin que chacun puisse décider librement (France Assos Santé)

L’essentiel à retenir pour un choix en toute confiance

Le générique répond aux mêmes exigences de qualité, de contrôle et d’efficacité que le médicament de marque. Il peut, dans des cas très rares, exposer à des différences dues à ses excipients, notamment chez les patients ayant des allergies ou des traitements à marge thérapeutique étroite.

Globalement, il offre des économies substantielles, un accès facilité aux traitements et une prise en charge adaptée par l’Assurance maladie. Le pharmacien, le médecin et le patient forment ainsi un trio clé pour faire le meilleur choix, ensemble.

Le médicament générique est l’un des grands alliés du système de santé d’aujourd’hui et de demain. S’informer, dialoguer et faire confiance aux professionnels, voilà ce qui fait la différence sur la route du bien vieillir… tout en restant acteur de ses choix !

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