Pourquoi prêter attention à la santé de son cerveau après 60 ans ?

Le vieillissement cérébral est un processus naturel qui touche chacun de nous, mais il n’est pas synonyme de perte inévitable des capacités intellectuelles. Si certains changements sont normaux avec l’âge – moindre rapidité à retenir un prénom, par exemple – il existe de multiples moyens d’entretenir la vivacité de son esprit et de limiter les risques de troubles importants comme la maladie d’Alzheimer. D’ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la santé, près d’un tiers des cas de démence pourraient être liés à des facteurs de risque modifiables, c’est-à-dire sur lesquels chacun peut agir (OMS).

L’objectif ? Gagner en qualité de vie, conserver son autonomie et profiter pleinement des relations et des plaisirs du quotidien. Voici les habitudes à mettre en place pour entretenir au mieux son cerveau après 60 ans… et bien au-delà.

Bien manger pour chouchouter ses neurones

Les aliments amis du cerveau

On sait aujourd’hui que les choix alimentaires influencent fortement la santé cérébrale. Plusieurs études menées notamment aux États-Unis et en Europe mettent en avant l’intérêt du régime méditerranéen ou du régime “MIND” (une combinaison du régime méditerranéen et DASH), riches en :

  • Légumes à feuilles vertes : épinards, blettes, mâche… riches en antioxydants, vitamine K et folates, protecteurs contre le vieillissement cognitif.
  • Fruits rouges : myrtilles, fraises, mûres, reconnus pour leur effet positif sur la mémoire.
  • Poissons gras : sardines, maquereaux, saumon, dont les oméga-3 préviennent la dégénérescence des neurones.
  • Noix et fruits secs : notamment les noix de Grenoble, riches en acides gras polyinsaturés bénéfiques.
  • Huiles végétales de qualité : huile d’olive extra-vierge, riche en polyphénols.

Selon certaines recherches, les personnes âgées qui suivent ce type d’alimentation voient leur risque de développer la maladie d’Alzheimer diminuer de près de 30% (National Institute on Aging).

Les habitudes à limiter

  • Consommation excessive de sucres raffinés et de produits très transformés.
  • Utilisation de matières grasses saturées (beurre, charcuterie, fritures).
  • Alcool : à consommer avec grande modération, car il multiplie le risque de troubles de la mémoire.

Le mouvement : agitateur d’idées et de mémoire

L’activité physique est régulièrement citée comme l’un des principaux leviers pour protéger son cerveau. Bouger, c’est bien plus qu’entretenir les muscles : c’est booster la circulation sanguine, stimuler la fabrication de nouveaux neurones (la fameuse neurogenèse) et renforcer les connexions entre différentes zones du cerveau.

  • 30 minutes de marche rapide, cinq jours par semaine, peuvent déjà avoir des effets mesurables sur la mémoire et l’humeur. Une étude menée en 2020 sur plus de 1500 seniors européens a montré que les marcheurs réguliers présentaient une baisse de 40% du risque de troubles cognitifs légers (Alzforum).
  • Le jardinage, la danse, la natation ou même des exercices doux comme le Qi Gong apportent également leurs bienfaits.

Le cœur et le cerveau sont étroitement liés : prévenir les maladies cardiovasculaires, c’est aussi protéger ses capacités cérébrales pour les années à venir.

Astuce concrète

Dans plusieurs communes du Bugey, des clubs de marche nordique (accessible même en cas de début de fragilité articulaire) proposent des parcours adaptés à tous. Renseignez-vous auprès de votre mairie ou de l’office des sports local.

Le sommeil, un allié méconnu du cerveau vieillissant

Près d’un tiers des personnes de plus de 65 ans se plaignent de troubles du sommeil (Inserm). Pourtant, bien dormir est essentiel à la mémoire : c’est la nuit que le cerveau “classe” et consolide les souvenirs récents, mais aussi qu’il élimine certaines substances toxiques accumulées au fil de la journée (comme des fragments de protéines liées à Alzheimer).

  • Respecter un rythme régulier (même heure de coucher et de lever).
  • Éviter les écrans au moins 1 heure avant d’aller se coucher.
  • Limiter la caféine l’après-midi et privilégier les tisanes ou l’eau.
  • En cas de ronflements sévères ou d’apnées du sommeil, consulter son médecin : des traitements existent.

Entretenir la curiosité : l’exercice cérébral sous toutes ses formes

Stimulation cognitive : la gym du cerveau

Les activités qui sollicitent la réflexion, l’apprentissage ou la mémoire sont un véritable “engrais cérébral”. On estime que celles et ceux qui cumulent cinq activités stimulantes ou plus par semaine (lecture, jeux de société, mots croisés, apprentissage d’une nouvelle compétence…) réduisent de 46% leur risque de démence (The Lancet, 2017).

  • Lecture quotidienne (même brève) : romans, presse, documentaires, bande dessinée…
  • Jeux en groupe : belote, scrabble, bridge, mais aussi jeux vidéo adaptés. Plusieurs études françaises démontrent que le jeu vidéo d’entraînement cérébral, pratiqué à raison de 2 à 3 séances par semaine, améliore la flexibilité mentale.
  • Apprentissage d’une langue étrangère ou d’un instrument de musique, quel que soit l’âge. Le cerveau reste “plastique” à tout moment de la vie.
  • Ateliers de mémoire ou “cafés mémoire” locaux, présents dans diverses communes de la région.

Apprendre à ralentir

Ne pas hésiter à introduire dans son emploi du temps des pauses de pleine conscience, de relaxation ou de méditation : non seulement ces pratiques réduisent l’anxiété (qui nuit à la concentration), mais elles améliorent la qualité du sommeil et participent à la prévention des troubles cognitifs (Science Direct, 2021).

Un cerveau nourri par le lien social

L’isolement social multiplie par deux le risque de déclin cognitif précoce, selon une synthèse des travaux de la Fondation Médéric Alzheimer (Fondation Médéric Alzheimer). Partager, échanger, donner ou recevoir des coups de main, voilà aussi les vitamines du cerveau !

  • Participer à la vie associative locale (bénévolat, ateliers artistiques, clubs du troisième âge).
  • S’inscrire à des groupes de discussion, de lecture ou de chant : ces activités combinent stimulation intellectuelle et relations humaines.
  • Maintenir le contact avec famille, voisins, anciens collègues – même un appel régulier ou une carte postale font la différence et nourrissent l’estime de soi.

Prévention active : protéger son cerveau, c’est aussi prendre soin de sa santé globale

  • Surveiller sa tension artérielle et son diabète : l’hypertension augmente, à elle seule, de 60% le risque d’AVC et de troubles de la mémoire.
  • Préserver son audition : la perte auditive non corrigée accélère le déclin cognitif. D’après l’étude Lifelines réalisée aux Pays-Bas, être appareillé réduit le risque de démence de 42% chez les personnes malentendantes.
  • Lutter contre la dépression : les troubles de l’humeur non pris en charge sont un facteur de fragilisation du cerveau.
  • Protéger sa tête au quotidien : éviter les chutes ! Après 65 ans, une chute sur cinq entraîne un traumatisme crânien susceptible de perturber la mémoire à plus ou moins long terme (source : Santé publique France).

Vieillissement cérébral : les nouvelles découvertes qui changent la donne

  • Des études menées sur des seniors de plus de 90 ans (“The 90+ Study”, Université de Californie) montrent que l’engagement dans des activités enrichissantes, même tardivement, permet de garder une agilité intellectuelle étonnante – certains participants se sont lancés dans la peinture ou la photo à 85 ans passés, et rapportent s’être sentis “plus vifs” après quelques mois.
  • Les neurosciences valident l’idée que le cerveau reste “entraînable” en continu, y compris chez des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs légers : l’entraînement cognitif informatisé, couplé au sport, retarde l’aggravation des symptômes (BMJ Journals, 2022).
  • De plus en plus de maisons de retraite intègrent dans leur programme des séances de stimulation multisensorielle : musique, aromathérapie, stimulation tactile. Les retours montrent une diminution du stress et de l’anxiété, deux facteurs qui pèsent sur la mémoire.

Des habitudes à cultiver dès aujourd’hui… et à tout âge !

Entretenir la santé de son cerveau ne dépend ni de l’âge, ni du niveau d’études, ni de l’endroit où l’on habite, mais bien de petites habitudes mises bout à bout au fil du temps. Se préparer une salade de saison, ressortir un vieux dictionnaire pour un mot croisé, faire une marche en forêt avec des amis, découvrir de nouvelles musiques, c’est autant d’occasions d’ajouter des “points de vie” à notre cerveau. Reste à chacun de trouver la formule qui lui correspond, en gardant en tête que chaque geste, aussi modeste soit-il, compte pour préserver l’essentiel : une vie riche, pleine de sens et d’énergie, à tout âge.

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