Pourquoi la gestion des médicaments change-t-elle après 60 ans ?

L’avancée en âge s’accompagne souvent de nouvelles habitudes à prendre, notamment en matière de santé. Passé 60 ans, nombreux sont ceux qui doivent suivre un ou plusieurs traitements réguliers, que ce soit pour contrôler une tension artérielle, prévenir une rechute ou maintenir le moral. Les chiffres sont éloquents : d’après l’Assurance maladie, plus de 80 % des personnes de 65 ans et plus prennent au moins un médicament quotidiennement (source : Ameli.fr).

Gérer correctement son traitement devient donc indispensable, pas uniquement pour soi, mais aussi pour continuer à vivre sereinement et en toute sécurité. Plusieurs raisons expliquent la complexité de cette gestion :

  • Les traitements sont parfois nombreux et évoluent dans le temps : on parle de polymédication, un terme qui désigne le fait de prendre 5 médicaments ou plus par jour (HAS, 2018).
  • La mémoire, la vue ou la dextérité peuvent légèrement baisser avec l’âge, compliquant la lecture des boîtes et la manipulation des comprimés.
  • Il existe des risques d’erreurs de prise (oubli, double prise, mauvais horaire) ou d’interactions médicamenteuses, parfois avec des produits courants (compléments alimentaires, tisanes, etc.).
  • Les effets indésirables peuvent apparaître plus vite chez les seniors, car le corps élimine moins bien certains principes actifs.
Mieux organiser sa prise de médicaments devient un acte concret pour préserver son autonomie et sa qualité de vie.

Reconnaitre les erreurs fréquentes… et les éviter

Même avec la meilleure volonté du monde, il est facile de commettre de petites erreurs, parfois sans s’en rendre compte. D’après la Haute Autorité de Santé, plus d’1 accident domestique sur 10 chez les personnes âgées est dû à un mauvais usage de traitement (HAS, 2021). Les situations à risque recouvrent :

  • L’oubli d’une prise (ou au contraire une double prise, surtout lors des changements d’habitude ou en cas de sortie exceptionnelle).
  • La confusion entre plusieurs médicaments, particulièrement si les boîtes ou piluliers se ressemblent ou si les noms sont proches.
  • L’arrêt sans avis médical parce qu’on se sent mieux, alors que certains traitements doivent être arrêtés progressivement ou jamais interrompus brusquement (exemple : traitement cardiaque, anticoagulants).
  • L’auto-médication ou l’association imprudente avec des produits naturels ou des remèdes achetés sans avis professionnel.
  • La conservation inadaptée (médicaments qui restent dans la salle de bain humide ou près d’une source de chaleur, alors qu’ils doivent être gardés à l’abri de la lumière et à température ambiante).
Mieux anticiper ces situations, c’est se donner toutes les chances d’éviter ces écueils.

Mieux s’organiser au quotidien : méthodes et astuces simples

Plusieurs solutions existent pour transformer la gestion des médicaments en geste du quotidien, simple et rassurant.

Tout commence par l’ordre : un seul lieu pour tous les traitements

  • Rassembler tous ses médicaments au même endroit, hors de portée des enfants ou des visiteurs de passage.
  • Éviter de conserver les anciens traitements ou les restes de prescriptions : rapporter systématiquement à la pharmacie les médicaments non utilisés ou périmés. Cela permet aussi d’enclencher une bonne habitude écologique (voir le site Cyclamed).
  • Classer ses boîtes par ordonnance ou selon l’heure de la prise (matin, midi, soir, coucher).

Le pilulier : un allié précieux

L’utilisation d’un pilulier est souvent la solution la plus efficace lorsque les prises dépassent 3 par jour ou lorsque les jours se ressemblent toutes les semaines. Selon une enquête de l’Assurance maladie, près de 40 % des plus de 65 ans utilisant un pilulier disent se sentir moins anxieux grâce à lui (source : Ameli.fr).

  • Choisir un modèle adapté : journalier, hebdomadaire, compartimenté selon les moments de la journée. Certains sont étiquetés aux couleurs ou aux lettres bien visibles.
  • Pensez à remplir le pilulier dans un endroit calme, si besoin avec l’aide d’un proche ou d’un infirmier.
  • Noter sur un carnet ou une fiche plastifiée les heures habituelles et les modalités de prise (avant/après repas, à jeun, etc.).

Les nouvelles technologies pour ne rien oublier

  • Utiliser un réveil ou l’alarme de son téléphone pour les horaires les plus critiques.
  • Des applications gratuites existent (par exemple Mes Médicaments ou MédiRappel) pour recevoir des notifications discrètes au bon moment.
  • Pour ceux qui préfèrent le papier, un simple planning sur le frigo ou un calendrier mural reste une méthode sûre.

Bien suivre son traitement : ce qu’il faut absolument savoir

Lorsque l’on souffre de maladies chroniques (diabète, hypertension, cholestérol, arthrose…), il est rare que le traitement ne change jamais. Les médecins ajustent souvent les doses en fonction des résultats d’analyses, de la tension, ou d’autres facteurs. D’où l’intérêt de :

  • Conserver chaque ordonnance : noter la date de prescription, la posologie et les éventuels conseils donnés à l’oral.
  • Faire le point à chaque rendez-vous médical : apporter son pilulier et/ou tout le traitement, signaler les nouvelles plaintes (fatigue soudaine, problèmes digestifs…)
  • Oser questionner : ne pas hésiter à demander au pharmacien ou au médecin « À quoi sert ce médicament ? Que faire si j’oublie une dose ? »
  • Limiter l’automédication, surtout en cas de nouveau symptôme. Parfois un simple médicament contre la douleur peut interagir avec un anticoagulant ou masquer un vrai problème. Demander conseil systématiquement.

Comprendre le risque d’interactions, même avec des produits naturels

On évoque souvent les interactions entre plusieurs médicaments, mais le risque existe aussi avec des produits en apparence anodins. À titre d’exemple :

  • Le millepertuis, plante courante pour le sommeil ou la déprime légère, réduit l’efficacité de nombreux traitements (dont les anticoagulants, certains traitements anticancéreux, etc.) (source : Vidal.fr).
  • Le pamplemousse, souvent conseillé dans de nombreux régimes, interagit avec plus de 50 molécules utilisées en cardiologie, diabétologie ou psychiatrie (source : ANSM).
  • Les compléments alimentaires, pris « pour être en forme », ne sont pas sans effet. Certains peuvent causer, à dose élevée, des désordres rénaux, cardiaques ou aggraver une maladie chronique (source : UFC-Que Choisir, 2022).
D’où l’intérêt de toujours informer son médecin de toute nouvelle prise, même d’un simple complément.

Inclure ses proches et professionnels : la force de l’accompagnement

Bien gérer ses médicaments, c’est aussi savoir s’entourer. La maladie ou l’avancée en âge ne doit pas rimer avec isolement.

  • Ne pas hésiter à solliciter un proche de confiance pour préparer le pilulier, notamment lors des périodes de fatigue ou en cas de retour d’hospitalisation.
  • Faire intervenir si besoin un infirmier ou un service d’aide à domicile (le coût peut être partiellement remboursé selon la situation).
  • En pharmacie, demander un bilan de médication gratuit (chaque année, toutes les personnes de plus de 65 ans qui prennent plusieurs traitements peuvent bénéficier, sur demande, de ce service pour ajuster ce qui doit l’être).

La complicité et la vigilance partagée, c’est un vrai plus pour la sécurité et la sérénité.

Sécurité : prévenir les accidents liés aux médicaments

Les accidents liés à la mauvaise gestion des médicaments font partie des causes fréquentes d’hospitalisation évitable chez les seniors. L’ANSM estime que près d’1 passage aux urgences sur 20 après 65 ans est consécutif à un accident médicamenteux (Source : AFU, 2022). Quelques points-clés :

  • Lire systématiquement les notices, en s’aidant d’une loupe si besoin.
  • Demander au pharmacien un conditionnement facile à ouvrir en cas de problème de préhension.
  • Mettre hors de portée et sous clé les médicaments.
  • Tenir une liste écrite et à jour de tous les traitements, à présenter en cas d’urgence ou lors d’un rendez-vous médical.
  • Ne jamais mélanger médicaments courants et compléments ou produits naturels sans en parler au professionnel de santé.

À chaque situation des solutions : conseils pratiques selon différents profils

Situation Astuce recommandée
Perte de mémoire légère Mettre en place une alarme sonore, préparer deux jours à l’avance et vérifier la case du pilulier.
Traitement complexe ou modifié souvent Demander un schéma explicatif écrit lors de chaque visite médicale, réserver un pilulier hebdomadaire avec des compartiments bien visibles.
Voyage ou déplacement Emporter les ordonnances, conserver les boîtes d’origine et prévoir un double de traitement pour éviter les oublis.
Fatigue ou maladie passagère Solliciter un proche pour aider à préparer le pilulier, demander une visite de l’infirmier de coordination.
Baisse de vue ou problèmes de manipulation Privilégier les boîtes à couleurs vives, demander au pharmacien des astuces pour faciliter l’ouverture et la reconnaissance des comprimés.

Pour aller plus loin : ressources utiles et services locaux

  • Cyclamed : pour savoir comment rapporter ses médicaments non utilisés : www.cyclamed.org
  • Haute Autorité de Santé : conseils pratiques pour les personnes âgées et leurs proches : www.has-sante.fr
  • Pharmacies locales : informations sur le bilan de médication (service gratuit pour les plus de 65 ans prenant au moins 5 médicaments par jour).
  • Service d’aide à la personne : rapprochez-vous du CLIC ou du CCAS de votre commune pour connaître les services d’accompagnement disponibles.
  • Sites officiels d’informations : www.ameli.fr (rubrique « Seniors et santé »), www.ansm.sante.fr (pour les alertes sur les médicaments).

Vieillir et rester acteur de sa santé : des habitudes qui font toute la différence

La gestion des médicaments n’est pas qu’une question de routine : c’est la première étape pour préserver son autonomie et limiter les complications. Grâce à quelques astuces adaptées à son rythme de vie, et le soutien des professionnels de santé, chacun peut reprendre confiance et vivre cette étape avec sérénité. Rester vigilant, s’informer et oser demander conseil : le trio gagnant pour vivre pleinement, en bonne santé. 

L’essentiel est de transformer cette organisation en une habitude rassurante et positive, pour continuer à profiter de chaque jour, entouré et en confiance.

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