1.420 entreprises vivent aujourd’hui directement du tourisme dans l’Ain. Un domaine qui génère 7.600 emplois salariés. C’est un axe majeur de la politique du Conseil départemental. Mais l’offre en matière d’hébergement devra être à la hauteur des ambitions affichées. Alors que les appels du pied et initiatives se multiplient pour attirer ici toujours davantage de touristes, avec un succès certain, l’offre d’hébergements reste fragile. Le nombre de campings et hôtels a même légèrement régressé ces dernières années.
Pas encore de chiffres consolidés sur la fréquentation hivernale 2022-2023, mais l’été 2022 fut en tout cas une vraie satisfaction en terme de nuitées touristiques pour notre département. Par rapport à 2021, l’Ain a même enregistré la plus forte progression des nuitées parmi tous les départements de la région (+23,9 %). Un bon bilan, évidemment dopé par une météo ultra-favorable, ainsi que le retour marqué des étrangers après les hésitations liées à la crise sanitaire. Il n’empêche que pour l’Ain, le potentiel de développement est sans doute loin d’être atteint. Le tourisme fait d’ailleurs l’objet d’une politique très volontariste de la part du Département, qui a rappelé il y a quelques semaines ses ambitions à travers un grand “Livre Blanc” du tourisme, définissant notamment les axes de travail prioritaires pour la période de 2023 à 2028. Ce livre blanc s’inscrit dans la stratégie globale de développement touristique du Conseil départemental, plus particulièrement axée sur la montagne de l’Ain, avec l’idée de favoriser de plus en plus un tourisme “4 saisons”. L’idée est d’œuvrer pour une valorisation des activités de pleine nature praticables à l’année, avec une adaptation aux nouvelles pratiques liées à la neige, mais aussi d’accentuer la promotion des patrimoines naturels et culturels. Les projets ne manquent pas et la dynamique est enclenchée, même si un point noir a été identifié : l’hébergement touristique. C’est peut-être là aujourd’hui le talon d’Achille de l’Ain et il faudra travailler sur l’amélioration des conditions d’accueil et d’hébergement, car l’offre reste très inégale.
137 hôtels et 57 campings : une offre “minimaliste” pour attirer les touristes
À ce sujet, l’INSEE apporte sa pierre à l’édifice en publiant un état des lieux précis de la situation pour l’année 2022. On retiendra, en croisant ces données, que depuis trois ans, les capacités d’hébergement touristique assurées par les hôtels et campings ont encore régressé dans l’Ain, alors qu’inversement, d’autres modes d’hébergement “comme à la maison”, se sont eux, multipliés.
Au total, ce sont très exactement 137 hôtels qui sont aujourd’hui recensés par l’INSEE sur le territoire départemental, pour une capacité totale de 4.133 chambres. Cette offre s’articule autour de deux hôtels 1 étoile, 33 hôtels à 2 étoiles, 49 hôtels 3 étoiles, puis seulement huit hôtels 4 étoiles mais aucun établissement très haut de gamme pourvu des 5 étoiles.
Des offres d’hébergement
qui privilégient un tourisme plutôt “décontracté”
La part des chambres dans les hôtels de gamme supérieure à très grand confort (au-delà de 3 étoiles) n’excède pas 16,5 %. C’est assez faible en comparaison aux voisins du Rhône (29,7 %), de la Savoie (35,4 %), de la Haute-Savoie (29,4 %). L’attractivité forte de Lyon, les stations de ski des deux Savoies ou encore leur proximité avec la Suisse expliquent bien évidemment ces différences structurelles. Le tourisme de l’Ain n’est pas celui de Lyon… ou de Courchevel… A contrario, la proportion des hôtels 2 étoiles (63 % de l’offre) est largement supérieure dans l’Ain par rapport à ces mêmes départements. Une offre qui définit d’elle-même la priorité accordée à un tourisme plus rural, décontracté, en recherche de simplicité, plutôt en adéquation avec la volonté du Département de s’engager à l’horizon 2028 pour jouer le jeu d’une attractivité touristique “durable et éco-responsable”.
À ces hôtels il faut ajouter 57 campings, pour 5.861 emplacements proposés. Ce sont majoritairement des campings 3 étoiles (27) de milieu de gamme, qui assurent le maillage du territoire départemental. Pas de camping 5 étoiles en revanche, et seulement 7 campings éligibles aux 4 étoiles, soit 22,8 % de l’offre départementale. En comparaison, chez nos voisins du Rhône, les 4 et 5 étoiles représentent plus de 50 % des campings.
Enfin, quinze hébergements collectifs viennent compléter les capacités d’accueil précise l’INSEE, avec une mise à disposition de 3.731 lits. Il s’agit de résidences de tourisme, maisons familiales, villages vacances, auberges de jeunesse, centres sportifs…
De moins en moins de campings et hôtels,
mais une explosion des gîtes et meublés
Passé cet état des lieux exhaustif, ce sont les tendances de fond qui posent des interrogations. Les investisseurs en structures d’hébergement touristique se font toujours rares dans l’Ain. Au cours des trois dernières années, le département a tout de même perdu 6 campings et 16 hôtels, ce qui a diminué sa capacité d’accueil de plus de 300 emplacements de camping et presque 500 chambres d’hôtel. Ce n’est pas rien et cela pourrait être l’un des enjeux majeurs pour l’avenir si le Département veut se donner les moyens de sa politique touristique, même si cette diminution de la capacité d’accueil va, en réalité, de paire avec une offre davantage qualitative. L’exigence des voyageurs d’aujourd’hui n’est plus celle de ceux d’hier. Les plus anciennes structures d’hébergement touristique n’ayant pas la capacité de s’adapter à ces exigences, qu’elles soient réglementaires ou de simple confort, se voient éliminées sur ce marché hautement concurrentiel, désormais mis très largement en compétition avec les offres d’hébergement de type chambres d’hôtes, gîtes, meublés de type Airbnb.
Ainsi, on comptabilise environ 925 gîtes dans le département et 230 chambres d’hôtes. L’avènement triomphant des meublés de tourisme, en particulier ceux de type Airbnb, est ici aussi une réalité, avec près de 5.000 lits désormais à disposition. Une offre “mouvante” mais qui globalement ne cesse de s’étoffer, marquée par une progression d’environ 17 % au cours des quatre dernières années, malgré l’impact de la crise sanitaire.
G.R.
Le Département veut développer “quantitativement et qualitativement” son offre d’hébergement touristique
Si parvenir à attirer du monde, c’est bien, encore faut-il être en mesure de proposer de quoi les héberger correctement et leur donner envie de revenir. C’est une problématique dans l’Ain. le Conseil départemental a donc décidé de passer à la vitesse supérieure sur le sujet avec l’objectif d’avoir engrangé une dynamique palpable à l’horizon 2028. L’amélioration de l’offre d’hébergement est au cœur du dispositif de développement de l’attractivité touristique car identifié comme un critère essentiel de choix de destination pour les touristes. Si les chambres d’hôtes et gîtes ont également pleinement leur place, ce type d’hébergement ne peut répondre à tous les profils touristiques. Des actions sont donc engagées afin de prospecter des investisseurs et opérateurs touristiques qui souhaiteraient s’implanter dans l’Ain, mais aussi pour favoriser la transmission ou reprise de structures d’hébergement. Enfin, le Département souhaite aussi encourager les prestataires à s’appuyer sur les dispositifs départementaux d’aide pour adapter l’offre aux attentes de la clientèle d’aujourd’hui… et celle de demain.