Aménagement du territoire Lyon-Turin, CFAL : notre territoire au cœur des projets prioritaires pour l’État

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La publication du rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) permet de définir les priorités de l’État en matière de transport. Parmi elles, figurent dans notre Région l’accès au Lyon-Turin et le Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise (CFAL). Deux projets qui concernent directement notre territoire et qui ne sont pas vraiment du goût des élus locaux.

Un nouveau vent de colère commence à souffler parmi les élus de la Côtière et du Bugey. En cause : les orientations préconisées par un rapport rendu récemment à la Première Ministre, Élisabeth Borne, et ses conséquences pour notre territoire. Deux gros projets ferroviaires décrits comme prioritaires traversent notre secteur et leurs échéances de réalisation sont désormais connues.

Modernisation effective en 2030 pour le Dijon-Ambérieu-Modane,
horizon 2035 pour le CFAL Nord

Le premier concerne l’accès au tunnel de Saint-Jean-de-Maurienne pour la ligne entre Lyon et Turin. Deux scénarios étaient possibles. C’est la modernisation de la ligne Dijon-Ambérieu-Modane qui est désormais priorisée. L’infrastructure devra permettre la circulation de trains de fret d’une longueur de 850 mètres vers l’Italie, soit 10 millions de tonnes de fret par an à l’ouverture du tunnel en 2030 et 15 millions ensuite. L’engagement des travaux pourrait débuter en 2025 pour une mise en service en 2030-2032. L’aménagement de cette ligne, qui arrive par le Nord de la commune d’Ambérieu depuis Ambronay, permet de décaler la création de nouveaux accès, beaucoup plus coûteuse pour les finances publiques, et surtout d’accélérer un dossier qui a déjà pris beaucoup de retard côté français. Son coût est estimé à 600 millions d’euros, bien loin des milliards nécessaires pour les nouveaux accès. Quelles conséquences ce choix aura-t-il pour Ambérieu et Ambronay ? La réponse n’est pas vraiment connue. “La socio-économie n’est pas évaluée à ce stade du projet. Les approches environnementales sont incomplètes. Le projet s’inscrit quasi-totalement dans les emprises ferroviaires existantes, mais les effets des trafics devront être traités : bruit…” indique le rapport du COI.
Deuxième projet, directement lié au premier : le Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise. Celui-ci doit, à terme, faire le lien avec la ligne Lyon-Turin, mais aussi permettre de désengorger l’étoile ferroviaire lyonnaise pour offrir plus de souplesse au trafic TER local. Sur sa partie Nord, le tracé part d’Ambérieu et longe la voie ferrée existante jusqu’à la Côtière pour rejoindre l’aéroport Saint Exupéry d’un côté et Lyon de l’autre. Là, c’est un engagement des travaux en 2028 qui est annoncé, pour un montant global estimé à 830 millions en 2021. Celui-ci serait réalisé en deux phases : d’abord une portion entre Grenay et Dagneux mise en service à l’horizon 2035, puis une deuxième tranche entre Dagneux et Leyment pour 2040. Étudié depuis deux décennies, ce projet a vu son tracé figé par une déclaration d’utilité publique, passant au cœur des communes de la Côtière et provoquant l’ire sur un secteur déjà urbanisé. Depuis, les communes traversées jusqu’à la Plaine de l’Ain se sont encore densifiées. Après une nouvelle consultation publique menée sur le sujet en 2019, le rapport du COI préconise que “la DUP datant de 2012, les études environnementales deviennent anciennes […] et devront être reprises.” Ce même document “souligne que la réalisation du CFAL Nord est urgente, pour répondre à l’échéance du tunnel Lyon-Turin mais aussi aux ambitions du service express métropolitain lyonnais.”

Daniel Fabre : “Je ne vois pas pourquoi
les Ambarrois n’auraient pas droit à de l’air pur”

Si des échéances sont fixées, plusieurs inconnues restent. D’abord, le financement. Sur chacun des deux projets, l’État ne veut pas être le seul à mettre la main au porte-monnaie. Il compte sur des partenaires à tous les étages : Union Européenne et collectivités locales. Or, en local, tout le monde n’est pas vraiment d’accord, et la fronde gronde. D’abord à Ambérieu, où le maire, Daniel Fabre, est toujours en attente de réponses. “Deux choses m’inquiètent : si la mise à niveau de la ligne Dijon Modane peut être intéressante, cela fera du flux supplémentaire. Il ne faudrait pas que ce flux traverse la ville. Le CFAL m’inquiète aussi : dans la dernière version, il devrait s’arrêter aux portes d’Ambérieu. Je ne sais pas comment vont se partager les flux. Je crains que tout passe par le centre ville.” Ces craintes ne sont pas nouvelles. Daniel Fabre en a fait part au préfet de région dès décembre 2021, lors d’un comité de pilotage. “J’attends toujours des réponses. Les Lyonnais veulent moins de pollution, mais je ne vois pas pourquoi les Ambarrois n’auraient pas droit à de l’air pur.” Un troisième point est également soulevé : “Il nous a été présenté l’hypothèse d’une gare de ferroutage à Ambronay. Nous nous sommes inquiétés, avec le BUCOPA, la communauté de communes de la Plaine de l’Ain, la commune d’Ambronay, la seule réponse qu’on a eue à nos questions date d’août 2022. On nous a dit que l’on prenait en compte nos inquiétudes. Nous sommes en mars et, depuis, nous n’avons pas vu l’ombre d’une invitation.”
Romain Daubié demande à Laurent Wauquiez de ne pas financer le CFAL en l’état
Le Député Modem Romain Daubié s’est pour sa part saisi du “dossier chaud” de la Côtière et de sa circonscription, à savoir le CFAL Nord. Lui s’est toujours dit opposé au tracé. Profitant des besoins de financement avancés par l’État, il demande au président de la Région, “de prendre position publiquement contre le financement par la Région du tracé A du CFAL.” […] “Les études ont 20 ans, elles doivent être revues” estime le parlementaire montluiste. Dans un courrier envoyé à Laurent Wauquiez, Romain Daubié rappelle les “réticences de tous les élus de l’Ain, dont vos conseillers régionaux “locaux”, et notamment, le président de la communauté de communes de la Plaine de l’Ain, M. Jean-Louis Guyader.” Il cite également l’engagement de son prédécesseur, Charles de la Verpillière. Deux élus estampillés LR, comme Laurent Wauquiez. Et de conclure : “Reformulé de manière plus limpide, cet appel au co-financement [lancé par l’État, ndlr] vous donne un pouvoir décisif : si vous décidez, avec vos élus régionaux, de ne pas financer les travaux du fuseau A, il ne se fera pas.”
À la suite de ce courrier, Romain Daubié annonce “solliciter l’ensemble des élus de l’Ain pour rédiger une contribution à l’attention de M. Clément Beaune, ministre chargé des transports.”   

C.B.


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