Le projet d’un nouveau pont entre Isère et plaine de l’Ain s’affirme comme une priorité

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Durant l’été 2019, en session du Conseil Départemental, le conseiller départemental encore député, Charles de la Verpillière, portait l’idée de construire un nouveau pont sur le Rhône à proximité du parc industriel de la plaine de l’Ain. Un aménagement qui pourrait être accolé à un nouvel aménagement hydroélectrique sur le Rhône. Bientôt quatre ans plus tard, le projet reste plus que jamais d’actualité et s’inscrit même parmi les priorités du Département.


Il y a quasiment un an, le Parlement validait la prolongation de la concession du Rhône à la CNR (Compagnie Nationale du Rhône). Une concession historique, puisqu’elle a été attribuée pour la première fois à la Compagnie Nationale du Rhône dès 1933. Ce statut lui confère désormais, jusqu’en 2041, la responsabilité de l’aménagement et de l’exploitation du fleuve, notamment pour la navigation, les irrigations et utilisations agricoles mais également pour l’utilisation de sa puissance hydraulique. Presque deux décennies de visibilité qui vont permettre à la CNR de développer des projets de long cours, dont l’un des principaux est celui de la création d’un nouveau barrage entre Lagnieu et Loyettes. En réalité, cet ouvrage, envisagé à hauteur de la commune iséroise de Saint-Romain-de-Jalionas, fait l’objet d’études depuis bien des années. Un premier projet d’ouvrage hydroélectrique sur cette partie du Rhône fut même présenté dès le début des années 80, mais il fut stoppé par l’enquête publique en 1982, puis abandonné en 1990. L’eau a coulé sous les ponts du Rhône depuis. Le projet s’inscrit désormais dans un contexte plutôt favorable à l’hydroélectricité, jugée comme une alternative crédible parmi d’autres en matière de technologie contribuant à limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Les études préliminaires sont en cours et l’idée serait de créer ici barrage dit “au fil de l’eau” (sans retenue en amont) avec une usine hydroélectrique.

“Qu’il soit couplé ou non au futur barrage,
il faudra de toute façon un nouveau pont”

Mais au-delà de son intérêt économique, le projet de barrage de la CNR a fait émerger d’autres ambitions. En 2019, Charles de la Verpillière, conseiller départemental, qui était alors encore également député en fonction, est monté au créneau pour alerter ses homologues élus sur la nécessité de ne pas rater cette opportunité pour lancer également un projet de pont routier qui pourrait s’appuyer sur l’infrastructure hydroélectrique, dans un secteur “où les possibilités de franchissement sont très insuffisantes” argumentait-il. Ici, les deux seuls ponts existants sont, en effet, séparés d’une vingtaine de kilomètres. Il y a, en amont, celui de Lagnieu, et, en aval, celui de Loyettes, commune “asphyxiée” par l’appel aux véhicules que constitue son pont qui surplombe le Rhône. Jusqu’à 10.000 véhicules peuvent ainsi transiter quotidiennement par cette commune et parfois 1.000 poids lourds sur la portion de la RD20 entre Lagnieu et Loyettes, avec un trafic aux abords du parc industriel de la Plaine de l’Ain qui croît inéluctablement.
Quatre ans plus tard, ce projet de nouveau pont routier entre l’Isère et l’Ain est plus que jamais d’actualité. Le nouveau plan de concession de la Compagnie Nationale du Rhône pourrait offrir une voie royale à la concrétisation de cet aménagement en limitant les coûts estime le conseiller départemental : “Le trafic continue d’augmenter. Que ce soit du côté de Lagnieu, et plus encore du côté de Loyettes qui reçoit tous les convois exceptionnels, ce n’est plus tenable. Je crois que tout le monde comprend maintenant véritablement la nécessité d’un point de franchissement complémentaire. Les enjeux en matière d’aménagement du territoire sont importants et c’est devenu indispensable” martèle l’élu.

L’implantation de deux EPR comme argument massue

Une voix qui a été entendue. Le président de Département l’a confirmé au mois de décembre dernier, dans le cadre de la présentation de la démarche d’élaboration de son schéma de mobilité. Un premier diagnostic a été lancé en concertation avec différents partenaires, dont l’État, la Région et le département voisin de l’Isère. Parmi les priorités du Département, on trouve donc désormais la création d’un pont au-dessus du Rhône entre Loyettes et Lagnieu. Et dans ce cadre, l’idée de calquer ce pont sur le futur ouvrage hydroélectrique reste une option sérieuse, qui pourrait permettre de limiter les coûts (le futur barrage hydroélectrique devant, à lui seul, engager environ 240 millions d’euros d’investissements), même si à ce jour, aucune conclusion n’a encore été rendue. “De toute façon, la question ne se pose pas uniquement en ces termes. Si pour diverses raisons on ne peut fixer ce pont sur le projet de barrage inscrit dans la nouvelle concession de la CNR, il faudra quand même le créer, cela n’est plus vraiment une option à mon sens. Et si l’implantation de deux réacteurs nucléaires de type EPR est bien confirmée sur le site du Bugey, cela rendra complètement indispensable ce pont”.

Un chantier à échéance décennale


En 2022, l’État a fixé une échéance limite de 4 ans à la CNR pour rendre ses conclusions au sujet du barrage. Une information et participation du public sont garanties de manière réglementaire par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP). L’enquête publique devait initialement être lancée au cours de cette année 2023, mais le dossier a d’ores et déjà pris du retard et il semble aujourd’hui plus probable qu’il faille patienter plutôt jusqu’en 2024. Dans tous les cas, la mise service du nouvel aménagement hydroélectrique est fixée dans un délai maximal de 11 ans à compter de l’entrée en vigueur de la loi Aménagement du Rhône, en 2022, ce qui pourrait laisser imaginer une mise en service en 2033, au plus tard. “C’est évidemment très compliqué de donner des délais à ce stade. J’espère bien que ce sera avant 10 ans pour ma part, mais il faut étudier techniquement tout ça, voir ce qui est réalisable ou pas et déterminer exactement à quel endroit… Tout cela va nécessiter l’implication de nombreux partenaires et notamment un travail entre les deux départements de l’Ain et l’Isère. Il faudra tout mettre en œuvre pour que ce projet aboutisse le plus rapidement possible”.     

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