Entretien avec Romain Petroff, à la tête de Kem One Balan et de la plateforme chimique, à l’occasion des portes ouvertes organisées le 8 octobre. Le directeur fait le point sur l’actualité du site, mais aussi le contexte national et international et ses répercussions locales.
Vous organisez vos portes ouvertes le 8 octobre prochain. Pourquoi une telle journée et à qui s’adresse-t-elle ?
Nous organisons régulièrement ce genre d’événement. La dernière a eu lieu en 2018 et depuis, on a évité les rassemblements avec le covid. Le principal objectif est de dédier du temps de l’ensemble de nos salariés aux riverains, de permettre de rentrer dans l’usine à ceux qui passent devant tous les jours. C’est un moment d’échange pour répondre à leurs questions. Leur montrer ce qu’on produit, à quoi ça sert dans leur quotidien, les investissements que l’on fait pour réduire l’empreinte carbone et énergétique du site et la Maîtrise des risques technologiques.
Comme nous sommes sur un site Seveso seuil haut, il existe des contraintes. Le nombre de visiteurs est limité, il faut s’inscrire et donner sa carte d’identité, canaliser le flux. C’est quelque chose que l’on a l’habitude de faire et qui est rôdé.
Comment se porte l’activité actuellement ?
On est sorti de la période difficile du Covid, l’année dernière, les installations ont fonctionné à plein régime. En cette sortie d’été, on sent un premier ralentissement de la demande.
Malgré cette situation, le marché de l’emploi est décrit comme tendu. Connaissez-vous des difficultés de recrutement ?
Il existe des tensions sur certains métiers, notamment sur la maintenance. Ce sont des emplois qualifiés, nécessitant un bac +2 dans la maintenance, la mécanique, l’électricité, l’instrumentation… Cela fait plusieurs mois, voire années que ça dure. Il existe beaucoup de demandes sur ces métiers, avec la réindustrialisation de la France.
Les entreprises sont amenées à travailler sur les économies d’énergie en raison d’un risque de pénurie et de la hausse des coûts. Que faites-vous au sein de votre site dans ce sens-là ?
On n’a pas attendu les difficultés actuelles pour travailler sur la diminution de notre empreinte énergétique. Kem One est certifié Iso 50001, une certification qui pousse les industriels à constamment travailler sur ce sujet et à diminuer à la consommation énergétique et la production de CO2. Depuis plusieurs années, nous changeons les équipements anciens pour des équipements moins gourmands en énergie. Nous mettons en place des projets avec les techniciens et ingénieurs pour réduire nos consommations en optimisant nos procédés. Sur le site, nous avons une cogénération : une turbine brûle du gaz, pour fabriquer de l’électricité, qui elle-même génère de la chaleur pour produire de la vapeur. Cette source d’énergie est utilisée pour nos procédés dans le cadre d’un partenariat avec Dalkia depuis 2014. Nous avons en projet la construction d’une chaudière en bois recyclé, issu des déchets de bois, à l’horizon 2026. C’est un gros investissement, toujours avec Dalkia. Un porteur de projet voulait installer un méthaniseur, pour produire du gaz et de l’engrais à partir des déchets agricoles, sur un terrain loué à Kem One. La préfecture n’a pas donné son accord. Le porteur est en train de réajuster son permis de construire. Sur cette même parcelle que nous souhaitons dédier à l’économie circulaire, à beaucoup plus long terme, Kem One envisage de construire une usine de recyclage de PVC pour le transformer en PVC premier choix. Ce serait une première mondiale.
La première ministre, Élisabeth Borne, a demandé aux entreprises de diminuer leur consommation énergétique cet hiver. Sera-ce possible pour Kem One ?
Une baisse de la consommation énergétique entraînera une baisse de la production. Nous travaillons sur le plan industriel et commercial pour savoir quand positionner d’éventuels arrêts, c’est en cours. Mais vu le prix de l’énergie, on ne la gaspille pas, nous sommes dans cette démarche depuis longtemps. Les consommations que l’on utilise ne se trouvent pas dans les lumières et le chauffage. L’énergie qu’on utilise arrive sous forme de vapeur, à terme on utilisera du bois recyclé, à cela s’ajoute la cogénération. À la fin de notre procédé, il reste de la vapeur, elle sert à chauffer les bâtiments. Toute la vapeur n’est pas utilisée. Nous étudions avec la 3CM et la mairie de Balan, la possibilité d’utiliser cette vapeur en synergie avec les utilisateurs extérieurs, pour faire profiter à la collectivité de cette énergie fatale. Ce n’est pas du court terme, mais il faut le faire.
Les investissements de Kem One dans ce domaine sont constants, à l’échelle de l’entreprise cela se chiffre en centaines de millions d’euros.
Les rejets de l’entreprise Arkema à Pierre Bénite suscitent beaucoup d’inquiétude quant à la pollution de l’eau et de l’environnement. Le site balanais a fait partie du même groupe durant des années. Le risque existe-t-il aussi sur la Côtière ?
Kem One et SK FP ont organisé une réunion publique à Balan fin juin, où la question a été posée. Nous ne sommes pas concernés, car le risque n’est pas le même, ce ne sont pas les mêmes produits ni les mêmes procédés. Ici, les risques sont plutôt liés à un incendie ou une explosion, pas à une intoxication chimique.
Quel lien entretenez-vous avec les riverains au quotidien ?
Nous organisons des réunions publiques, les portes ouvertes. Ils peuvent téléphoner au poste de garde 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, ils auront une réponse. La nuit, les appels sont transférés à l’astreinte. Quand un riverain se plaint d’un bruit, d’une odeur, un pompier va sur place pour vérifier la provenance du problème. Cela nous permet de vérifier et d’adapter éventuellement. Cette action immédiate est appréciée.
Avez-vous un message à faire passer ?
Profitez de l’occasion des portes ouvertes pour découvrir ce qui est fait dans l’usine, voir l’usine et découvrir tous les métiers. Vous pourrez poser vos questions. Il n’y a pas que des chimistes ici, il y a aussi plein de métiers sur la logistique, la maintenance, l’inspection, le laboratoire, l’analyse, la production, la recherche, des pompiers, la sécurité, l’environnement… Si vous êtes passionné par l’environnement, avez envie de faire baisser l’impact environnemental, venez travailler pour l’industrie chimique, venez travailler de l’intérieur pour avoir un impact réel, on a des possibilités d’agir.
C.B.
Inscriptions jusqu’au 15 septembre pour la journée portes ouvertes sur la plateforme chimique de Balan proposée par Kem One et SK-FP. Contact :
https://www.billetweb.fr/portes-ouvertes-kem-one-sk-fp
Un arrêt de trois semaines est programmé fin octobre-début novembre. Une activité forte de maintenance aura lieu à cette occasion.