
Avec la mise en service du réseau d’eau interconnecté avec le syndicat des eaux de l’est lyonnais, la communauté de communes de la Côtière à Montluel a sécurisé sa ressource en eau potable pour plusieurs décennies.
L’eau potable risque-t-elle de manquer, un jour, sur la Côtière ? La sécheresse est inquiétante, elle pèse déjà en Dombes. Sur la plaine alluviale du Rhône, la situation est moins critique, mais néanmoins très fragile.
Ainsi, depuis un an, la communauté de communes de la Côtière à Montluel (3CM) et le Syndicat Intercommunal d’Eau Potable de l’Est Lyonnais (SIEPEL) ont mis en œuvre un chantier visant à “interconnecter” leurs réseaux. Celui-ci a consisté en la création d’une canalisation longue de 3,8 km pour relier le puits de captage du SIEPEL, situé sur la commune de Balan, le long du Rhône vers le pont de Jons, et le réseau de la 3CM, toujours à Balan. Des travaux qui ont été réalisés pour générer un minimum de nuisances à la population. “Un pari technologique et d’ingénierie” décrit Raphaël Ibanez, président du SIEPEL. Le véritable défi technique était de minimiser le risque de coupures d’eau pour les clients, particuliers comme professionnels. Ceci a nécessité des travaux de nuit pour la pose des ouvrages d’interconnexion notamment, avec le challenge de la réussir en moins de cinq heures, qui correspondent au délai d’autonomie du réservoir. Désormais, en cas de problème, la ressource de l’un ou de l’autre des territoires peut être utilisée en secours.
Évidemment, ce projet est beaucoup moins visible pour la population qu’une nouvelle route ou un nouveau gymnase, mais ô combien essentiel dans son quotidien. Raphaël Ibanez insiste sur la “fragilité de la ressource”, souligne la “forte vulnérabilité” des champs de captage, et s’ interroge également sur la ressource apportée par le Rhône dans la durée avec le changement climatique, le fleuve prenant sa “source dans les glaciers alpins, qui fondent”.
Sur la même ligne, Philippe Guillot Vignot, président de la 3CM, souligne la relation gagnant/gagnant pour les 85.000 habitants des deux territoires concernés. Il a ensuite appuyé sur le besoin de communication auprès des habitants et s’est fixé une “exigence” : “Expliquer aux habitants ce que nous faisons, faire preuve de pédagogie pour faire évoluer les comportements et diminuer la consommation en eau ou les rejets polluants. Impliquer nos administrés dans la préservation de la ressource et plus généralement de notre environnement est capital.”
“Un quart de l’eau prélevée n’arrive pas aux clients
car les installations sont fuyardes”
D’un montant de 2,4 millions d’euros, ces travaux ont également été cofinancés à 50% par l’État par le biais de l’agence de l’eau. Le chef de service territorial local, Jean-Marc Pillot, met en exergue les adaptations nécessaires au réchauffement et à l’abaissement prévisible du débit du Rhône, estimé à 20 à 25 %, à l’horizon de 50 ans. “Ce ne sera pas neutre pour l’eau potable, ni pour les activités économiques.” Il a aussi appelé les collectivités à poursuivre leurs investissements pour améliorer, encore, les réseaux de façon à gaspiller le moins possible ce qui devient une denrée précieuse. “Le contexte général doit inciter les collectivités à opérer les travaux nécessaires pour renouveler le patrimoine de distribution de l’eau.” Et de citer une statistique qui démontre l’ampleur de la tâche au niveau national : “Un quart de l’eau prélevée n’arrive pas aux clients car les installations sont fuyardes. La question des économies doit guider les collectivités locales pour un rendement et un service public conséquent. L’état vous a accordé un montant exceptionnel, vous avez bénéficié des conséquences de la pandémie. Vos capacités financières doivent vous permettre d’investir au jour le jour dans l’entretien de vos infrastructures. Les maîtres mots sont la sobriété et les économies.” Le message à l’attention des collectivités est clair.
C.B.