Pour lutter contre l’embroussaillement des pelouses sèches des Brotteaux de la rivière d’Ain et éviter la prolifération des plantes adventives comme la renouée du Japon par exemple, une bergère vient d’installer son troupeau de moutons au lieu-dit « Ricotty », à cheval sur les communes de Blyes et de Saint-Jean-de-Niost. Résidant en permanence sur le lieu de pâturage, Eugénie Thillerot est accompagnée de ses deux chiens patou. Des panneaux informatifs sont fixés aux entrées des chemins et parcs mobiles. Rencontre.
Afin de relancer le pâturage sur la zone des Brotteaux de la rivière d’Ain, Eugénie Thillerot a donc débarqué, depuis cette mi-juin, avec son important troupeau de moutons du côté de Ricotty. Originaire du Jura et âgée d’une petite trentaine d’années, cette jeune bergère est installée à son compte depuis 2017.
Sortie de l’école de Bergers de Salon-de-Provence et diplômée d’un BPREA – Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole – cette éleveuse passionnée, qui vit quotidiennement au contact de ses brebis a été auparavant bergère salariée durant dix ans dans le Sud de la France. À la tête aujourd’hui d’un gros cheptel de 160 brebis mères et 260 agneaux, qui vivent toute l’année dehors, cette dernière a répondu à l’appel de la Chambre d’Agriculture de l’Ain, puis de Natura 2000, pour réintroduire le pâturage sur la zone des Brotteaux. Amener ses bêtes paître sur les pelouses sèches de la plaine de l’Ain constitue une première pour l’intéressée qui, d’ordinaire, part en alpage l’été. Sur le secteur de Ricotty, qui demeure l’hiver le terrain privilégié des chasseurs de la Saint-Hubert, l’activité pastorale permet de maintenir les milieux ouverts et de contenir la progression de l’embroussaillement. “Le but est vraiment de permettre à ces milieux-là de rester ouvert un minimum et que les brebis en profitent aussi. Cela permet également à certaines flores de se propager. Et du coup, s’il y a une certaine flore, il y a aussi une certaine faune. Ma présence, ici, va dépendre de la végétation” explique la bergère qui ne cache pas son inquiétude quand à la sécheresse déjà précoce des lieux pour une mi-juin.
En attendant, jusqu’à fin août au plus tard, sur le périmètre de Ricotty, Eugénie Thillerot déplacera ses troupeaux qui resteront parqués dans des enclos surveillés par ses deux chiens de protection.
Enfin, la rive gauche de la rivière d’Ain n’avait plus accueilli de moutons depuis belle lurette. “Cela faisait deux ans qu’il n’y avait plus rien et avant, c’était des vaches qui occasionnaient beaucoup de dégâts, défonçaient les clôtures pour aller boire l’eau de la rivière, s’échappaient, allaient manger dans les cultures, c’était un gros problème” concède Alain Bel, élu municipal de Saint-Jean-de-Niost délégué à l’environnement et représentant de sa commune au Syndicat de la Rivière d’Ain Aval et de ses Affluents (SR3A). T.G.