Vicat cultive les carrières

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Un nouveau chantier d’extraction a débuté le long de la route de Jons à Niévroz. Cette nouvelle carrière, exploitée par Vicat, s’inscrit dans une stratégie de longue date. Explications avec Raphaël Chaux, responsable du site.

Depuis plusieurs mois, des draguelines et autres pelles sont à l’œuvre le long de la D61 qui mène à Jons. Le chantier ne passe pas inaperçu : les champs verdoyants ont été creusés, laissant place à des couches de gravier et de sable sur près de deux hectares. Il s’agit là du démarrage d’une nouvelle carrière autorisée sur un site global.
D’abord, la couche supérieure est ôtée au cours du “décapage” pour atteindre le gisement. Celui-ci est composé de sable et de graviers alluvionnaires, présent sur une 15 à 20 m de profondeur, dont seulement 5 m sont hors d’eau. Leur présence est issue du recul des glaciers il y a plus de 10.000 ans. Le gisement récupéré est ensuite conduit jusqu’au site de traitement, où il est passé au crible. Le sable servira principalement à fabriquer du béton, le principal client se trouvant à Miribel. Les graviers iront pour la production d’enrobé et là, le client est basé à Pusignan (69). Quant aux gros galets, ils sont vendus pour de l’ornement principalement. “Dans les carrières, c’est comme dans le cochon, tout est bon” résume Raphaël Chaux.
Sur sept hectares autorisés sur ce nouveau site, cinq seront creusés au fur et à mesure des besoins durant les cinq prochaines années. En effet, une bande enherbée de 10 m entoure la parcelle exploitée pour limiter les éventuels impacts sur la chaussée par exemple. De même, un espace de 100 m est préservé à proximité de l’habitation la plus proche.
Installé au bord du canal depuis 1994, Vicat loue les terrains à la commune. Une douzaine de personnes travaillent sur place, entre les conducteurs d’engins de chantier, le siège et l’exploitation de la maintenance pour la région de Lyon. Les carrières étant considérées comme des installations classées, chaque site d’extraction nécessite une autorisation préfectorale, tout comme pour le traitement des granulats sur place. Une autorisation qui intervient après des études d’impact et un plan de remise en état qui doit être présenté dès le départ. Une somme est même provisionnée, au cas où l’entreprise viendrait à mettre la clé sous la porte. 45 ha sont actuellement exploités, auxquels s’ajoutent les 7 nouvellement autorisés sur la route de Jons. La remise en état se fait au fur et à mesure de l’avancée des chantiers. À l’issue, les parcelles sont à nouveau cultivées par des agriculteurs, après un travail d’ingénierie, mené en partenariat avec l’ISARA (école d’ingénieurs en agronomie) et la chambre d’agriculture. Car on ne rebouche pas un trou de 20 m n’importe comment pour rendre le sol fertile. Des matériaux terreux issus des remblais des chantiers de la région permettent de combler la couche profonde. Puis, sur deux mètres de haut, est introduit un mélange de sable et de terre, il s’agit d’une sous-couche dite “agricole”. Enfin, les couches supérieures reçoivent du tout-venant puis de la terre végétale. Des plantations sont ensuite choisies pour leur capacité à “décompacter” la terre, puis la vie biologique du sol est analysée. La DREAL donne ensuite son feu vert pour le retour à la culture.


L’histoire dure depuis des décennies sur la commune


L’histoire des carrières à Niévroz n’est pas nouvelle, elle dure depuis des décennies. Mais elles n’en conservent l’aspect que quelques années, avant d’être reconverties. Carpodrome, lieu de promenade, espace Natura 2000, champ agricole ou encore ferme solaire : les possibilités sont multiples. À ceux qui s’interrogent sur leur impact environnemental, Raphaël Chaux insiste sur l’aspect local de la production. “Les clients sont à moins de 10 km à vol d’oiseaux et desservent des chantiers de l’est lyonnais principalement.” Une proximité qui a permis à l’activité de repartir très vite durant la crise sanitaire. Seulement quelques jours après l’annonce du confinement en mars 2020, les carriers redémarraient pour approvisionner les chantiers. Sans hausse du coût de la matière première, puisque l’approvisionnement se fait “à domicile” ou presque. Notre interlocuteur précise aussi les efforts réalisés par la filière sur les deux dernières décennies : “Le marché représente 400 millions de tonnes par an en France, qui servent pour les habitations, les infrastructures (ponts, tunnels, métro…), les routes, les travaux publics, le terrassement… On ne peut pas mettre n’importe quel matériau dont on ne serait pas sûr de la qualité. Sur ces 400 millions, 300 millions sortent des carrières. 100 millions sont issus de matériaux recyclés, réutilisés suite aux déconstructions de chantiers. C’est un progrès énorme réussi en 20 ans”. C.B.

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