Créée en 2018, l’association de préservation des animaux de la Côtière est devenue un véritable acteur de la vie locale. Son président, Kevin Plagnat, fait le point sur la prise en compte de la cause animale sur le territoire et les différentes problématiques rencontrées.
Connu sur Miribel notamment pour son rôle de correspondant de presse pour notre hebdomadaire, Kevin Plagnat est depuis toujours engagé pour la cause animale. En 2018, il concrétise un projet qui lui tient à coeur en créant l’association de préservation des animaux de la Côtière. Cherchant à faire le lien entre les différents acteurs du territoire en faveur de la cause animale, il œuvre aussi pour faire avancer les politiques locales en la matière. Ainsi, avant les élections municipales de 2020, il a amené les candidats à se positionner sur les actions à venir concernant la stérilisation des chats errants, les cirques avec animaux et la biodiversité. Depuis, un suivi est assuré. Si des avancées notables ont eu lieu, d’autres points noirs restent à traiter selon notre interlocuteur. Entretien.
Depuis les dernières élections municipales, où en sont les promesses des différentes municipalités ?
Tout a été tenu sur la stérilisation des chats errants. Montluel était la dernière commune, Romain Daubié a signé la convention devant moi, elle sera active au 1er septembre. À Thil, dès son installation, Valérie Pommaz a acté la décision, elle a été très réactive et à l’écoute. La commune de Béligneux l’a également mise en œuvre. Beynost et Miribel poursuivent ce qui se faisait déjà. À Meximieux, la question est gérée par l’intercommunalité, ce qui parait le plus logique.
La stérilisation des chats ne fait pourtant pas l’unanimité, au titre qu’elle n’est pas naturelle…
Oui, des personnes estiment qu’il faut laisser faire la nature. Mais, très régulièrement, nous prenons en charge des chatons dans un état déplorable, qui rarement s’en sortent et qui souvent meurent. La prolifération des chats errants a aussi un réel impact sur les populations d’oiseaux, d’amphibiens et de reptiles. Je crois toujours en la pédagogie et au dialogue et j’espère que le temps sensibilisera ces personnes. La stérilisation permet aux chats de vivre mieux, elle évite aux mâles de se bagarrer tandis qu’une femelle errante a beaucoup de difficultés pour nourrir ses petits. Le problème concerne également les particuliers, qui ne stérilisent pas leur chat et les laissent sortir. Souvent, le mâle prendra la poudre d’escampette et cela va participer à la prolifération des chats errants. Quant aux femelles, je rappelle qu’il est illégal de donner un chaton non identifié contre bons soins… L’identification d’un animal domestique est obligatoire depuis 2012.
Cirques avec animaux : le chameau, animal domestique ?
Qu’en est-il des prises de position sur les cirques avec animaux ?
Meximieux a voté l’interdiction, mais s’est retrouvé confronté à une installation. Il existe une problématique de cirques malhonnêtes qui prétendent ne pas avoir d’animaux. Le cirque a expliqué que le chameau était un animal domestique. L’hypocrisie frise l’indécence. Les élus se sont trouvés démunis, car le temps qu’ils puissent passer à l’action, le cirque a réussi à faire ses spectacles. L’interdiction des cirques avec animaux est d’abord une entreprise citoyenne. D’autres communes s’étaient engagées, le Covid a sans doute ralenti certaines prises de décisions.
Existe-t-il d’autres problématiques sur le secteur ?
Toujours sur le Grand Parc, je n’ai pas encore vu d’étude d’impact sur la faune sauvage du festival Woodstower, qui résonne jusqu’à Niévroz. Je m’étonne doublement, quand on sait que les feux d’artifice provoquent systématiquement des décès par arrêt cardiaque et des animaux qui se perdent. Je suis curieux de connaître les conséquences.
Il faut savoir ce que l’on veut pour ce parc demain : qu’il soit rentable ou efficace sur la préservation d’un espace Natura 2000 ? Il est très bien de vouloir développer l’aspect culturel et touristique sur ce site, mais le parc est quand même une zone Natura 2000. Si l’étiquette verte se limite juste à la création de pistes cyclables, ce n’est pas un projet.
La diminution des hérissons est également un sujet qui vous
préoccupe…
La situation est dramatique, la population ne fait que décroître. Le retrait des haies dans les années soixante-dix, cumulé à l’usage des pesticides, a été terrible pour eux. Heureusement, il existe la politique du zéro phyto dans les espaces verts. Il reste les particuliers, avec l’utilisation des tondeuses et des rotofils… les hérissons aiment les recoins, les tas d’herbe et sont bénéfiques dans un jardin, puisqu’ils mangent les limaces et les escargots. Il existe des possibilités pour les préserver dans les plans locaux d’urbanisme. Cela ne coûte rien, mais il faut y penser en amont. Le maintien de la biodiversité passe par l’urbanisme.
Qu’en est-il des oiseaux ?
Beaucoup s’écrasent sur les baies vitrées. Il existe une solution simple : mettre des figurines d’oiseaux collées sur les vitres. Cela peut-être une idée pour les bâtiments publics. À ce sujet, je me tiens à disposition des conseils municipaux des enfants. Les enfants représentent l’avenir, la biodiversité et la protection animale passent par eux.
Nombre de chats domestiques reviennent également avec un oisillon dans la gueule. Dans ce cas-là, le taux de survie est très faible, car même s’il n’a pas été croqué, la pression crée des lésions. Au moment où les oisillons naissent, il serait bien que les chats domestiques restent à l’intérieur… Ce sont des chasseurs.
Recherche familles d’accueil
Quels sont vos besoins pour l’association ?
Je rappelle aux personnes qui voient des animaux se balader de les prendre en photo et de nous les envoyer. On peut penser qu’il s’agit du chat du voisin par exemple, mais ce peut être un animal recherché. Il en est de même pour les animaux décédés. L’objectif est de donner une réponse aux familles qui ont perdu un animal, cela leur permet de faire le deuil.
Nous manquons d’une dizaine de familles d’accueil, surtout pour les chats, qui se retrouvent sans solution de prise en charge. Une famille d’accueil finance simplement la litière et les croquettes, les frais de vétérinaire et de stérilisation sont pris en charge. Il faut un environnement calme, avec pas ou peu d’animaux, une pièce dédiée pour la quarantaine et accepter les visites de la famille adoptante. Cela peut notamment convenir aux personnes retraitées, vivant seules.
Constatez-vous une amélioration de la prise en compte de la cause
animale sur la Côtière ces dernières années ?
Oui. Les élus sont tous très réceptifs à cette problématique. Pas un maire n’a refusé de me recevoir, le dialogue est toujours possible. Les rapports sont très bons avec les polices municipales de Montluel, Miribel, Beynost et Saint-Maurice-de-Beynost. Ces équipes font un travail remarquable, sous l’impulsion des élus, il est vrai, mais les policiers ont une sensibilité particulière et nous font confiance. Ils appellent pour éviter la SPA aux animaux trouvés, puisque la fourrière est toujours un épisode traumatique pour un animal. La commune de Meximieux a beaucoup développé ses actions en faveur de la biodiversité, un partenariat a été mis en place avec la LPO. Meximieux est une commune exemplaire sur la biodiversité et la considération de la faune sauvage. Je salue aussi la confiance de Xavier Deloche à Tramoyes, lorsqu’il s’est agi de gérer la problématique de paons qui s’introduisaient dans les maisons. Il existe encore du travail et des élus à rencontrer. Dans le secteur, des personnes utilisent aussi des cages trappes et laissent l’animal au soleil. D’autres, qui n’aiment pas le chat de leur voisin, le bazardent, comme ça a été le cas récemment à Beynost, avec un chat retrouvé au Grand Parc.
Par contre, au niveau national, il n’y a pas d’avancée, si ce n’est pour l’image électorale. Sur toutes ces thématiques, on peut mettre des lois, mais s’il n’y a pas de moyens en face, c’est du vent. Cela avance à un rythme de calèche, alors qu’à côté il y a des autoroutes. On se souviendra de la démission de Nicolas Hulot, de l’autorisation de la chasse à la glu malgré l’avis de l’Europe. Il a fallu que la LPO attaque pour qu’elle soit finalement interdite. Il y a des décisions que je ne m’explique pas. On subventionne aussi les associations de chasse, c’est un choix politique. Il reste de grands progrès à faire sur les questions du renard et du blaireau, par rapport à la chasse. Une action pédagogique est à mener pour faire progresser la cause animale. On ne doit pas être dans l’émotion, mais dans quelque chose d’intelligent, raisonné, qui ne repose pas sur un sentiment, mais sur des faits scientifiques.
Outre les services municipaux, quels sont vos partenaires au quotidien ?
Je travaille avec des associations, en particulier Sans Croquette Fixe et Croc-Blanc, que je remercie. D’autres petites associations ont pris en charge un ou deux cas. Il y a aussi des vétérinaires qui apportent des soins tout de suite lorsqu’on leur apporte un animal blessé, notamment la clinique de la Maladière à La Boisse. Les associations BAP à Beynost et l’ACA de la CCMP relaient aussi l’information, tout comme l’EARL Jul et Mag au Mas Rillier. Sur les réseaux sociaux, nous avons une très bonne collaboration avec le groupe Confinement en Côtière, qui partage nos publications et signale les cas. Julie Guffon fait un très bon travail.
Pour le reste, je cherche toujours à trouver des partenariats.
C.B.
Contact : contact@aacde.fr ou page Facebook association de préservation des animaux de la Côtière.