Le 68ème Régiment d’Artillerie d’Afrique a fêté ses huit décennies d’existence à travers un raid de près de 680 kilomètres, rendant hommage aux soldats qui ont œuvré au cours de la campagne de France, mais aussi au profit des blessés de l’Armée de Terre.
Le 68ème Régiment d’Artillerie d’Afrique a soufflé ses 80 bougies en comité restreint la semaine dernière. Mais avec un “retour aux fondamentaux, à l’essentiel et aux symboles” décrit le chef de corps, le colonel David Pawlowski. Réfection du mât des couleurs, changement de l’insigne du béret pour en faire le même qu’en 1941, installation de la statue de Joseph, artilleur d’Afrique emblématique et, parmi les symboles, un raid de 680 kilomètres… et même un peu plus, “célébrant l’héroïsme de nos anciens.” Depuis la plage de la Nartelle, à Sainte-Maxime, dans le Var, sur laquelle les artilleurs d’Afrique ont débarqué le 15 août 1944 pour la campagne de France, jusqu’à la ville libérée d’Anse, en passant par les villes jumelles pour finir au camp de La Valbonne, vingt artilleurs d’aujourd’hui ont couru et pédalé durant une semaine. Ils sont arrivés sous les applaudissements de leur chef de corps, disant son regret d’avoir pu être à leurs côtés pour vivre ce raid. Durant cette semaine, les soldats sélectionnés ont vécu l’effort, la cohésion, mais aussi des rencontres. Notamment dans le village de Saint-Bernard, où le fils de l’un des artilleurs de 1944 a raconté comment ses parents se sont rencontré à cette époque. Ils aussi réussi un exploit solidaire pour leurs frères d’armes blessés. Une semaine vécue comme une “grosse fierté” comme le résume Thibaud, l’un des participants, auteur de 108 km à vélo et de 100 km de course à pied. “Ce sont les 80 ans du Régiment, on est passé sur les traces de nos anciens qui ont libéré les villes. Cela a permis de se dépasser, je n’avais jamais fait d’entrainement aussi intense. Les habitants nous encourageaient. Depuis cinq ans que je suis au Régiment, c’est l’une des plus belles expériences que j’ai pu faire.”
Ce moment festif intervient après plusieurs mois consacrés aux opérations extérieures pour la plupart des soldats du Régiment. Cinq cents d’entre eux ont en effet été projetés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, au Liban, en Guyane… Sans compter, la mission Sentinelles avec des unités déployées sur le territoire national pour assurer la lutte antiterroriste. Le chef de corps lui-même officiait au sein de l’état-major de la mission d’entraînement européenne au Mali. Une mission qu’il décrit comme “passionnante et exigeante”, avec un “défi sécuritaire énorme dans un pays qui cumule les difficultés.” Toutes ces opérations se sont déroulées avec la contrainte du Covid en opération et pour les familles esseulées, sans possibilité d’organiser des événements communs comme habituellement. “On a essayé de communiquer via les réseaux sociaux, le but était de leur dire merci, presque s’excuser de ne pas pouvoir les accueillir. On aurait dû faire nos journées portes ouvertes, cela nous manque” regrette le chef de corps, qui rendra son commandement le 2 juillet pour servir à Saint-Cyr Coëtquidan. C.B.