Depuis des années, la Fédération Léo Lagrange gère le Pôle Petite Enfance mais cela pourrait bientôt changer. Des parents ont donc lancé une pétition contre un changement de prestataire. Un acte vu comme politique à la tête de la municipalité.
Depuis le 28 mai, une pétition circule sur internet concernant le Pôle Petite Enfance (PPE) de Montluel actuellement géré par la Fédération Léo Lagrange. Elle a recueilli 152 signatures. Le fait est que depuis de nombreuses années, cette association détient la délégation de service public (DSP) de la commune pour la gestion du PPE. Déjà renouvelé en 2019, ce contrat arrive à expiration le 1er septembre 2021 et la mairie a dû lancer une procédure de mise en concurrence, conformément aux règles entourant les marchés publics, avant de choisir son délégataire.
Des parents usagers de la crèche s’inquiètent désormais grandement des conséquences d’un changement de prestataire. Parmi eux, Aymeric Charlet explique qu’ils ont eu accès à des informations issues des commissions municipales laissant entendre que la mairie pencherait pour un nouveau prestataire privé. L’argument qui pèserait dans la balance : l’argent. Le concurrent de Léo Lagrange afficherait un coût inférieur de 100.000 euros sur 6 ans, soit moins de 17.000 euros par an dans un budget de 2 millions d’euros. Pour les parents, l’argument financier ne tient donc pas si c’est pour “perdre quelque chose qui marche bien avec du personnel qu’on connaît.” Leur pétition fait donc état de leur volonté de “continuer à échanger avec celles et ceux avec qui nos enfants grandissent au quotidien, auxquels ils sont attachés et en qui nous avons toute confiance” et des craintes qu’un “changement de gestionnaire pourrait conduire à une gestion par une entreprise privée avec des objectifs de rentabilité [et] que cela ne soit pas compatible avec un projet éducatif d’accueil de jeunes et très jeunes enfants de qualité.”
Un choix régi par les règles de la commande publique
À la direction du Pôle Petite Enfance, on reste neutre. Pas question de critiquer la concurrence. Quant au choix définitif, deux finalistes ont été auditionnés selon un cahier des charges identique aux précédentes procédures. Il ne sera arrêté que lors du prochain conseil municipal.
Questionné sur les inquiétudes soulevées par celle-ci, le maire, Romain Daubié, s’interroge d’abord sur les motivations de ceux qui les soulèvent : “J’ignore ce qui tient de l’ignorance juridique du droit lié à la commande publique ou ce qui tient de la tentative de manipulation politique, en cette période électorale où des élus de l’opposition sont candidats.” Concernant le souci d’une baisse de la qualité du service en cas de changement de délégataire, l’édile assure que “le prestataire qui est en “pole position” […] est tout à la fois plus performant pour les enfants, pour les parents, pour les salariés du pôle et également demande une compensation financière à la ville moins élevée. […] Si le délégataire changeait, les salariés sont tous repris, conformément à la loi, au même niveau de rémunération. Le personnel en place pourra donc conserver son travail. Le “challenger” du prestataire actuel propose une masse salariale supérieure à celle actuelle ce qui laisse à penser que les taux d’encadrement seront meilleurs et seront, en tout état de cause, respectueux des taux d’encadrement légaux. Faire croire que s’il y a un changement qu’il y aura moins d’encadrants est donc faux : les chiffres ne mentent pas.”
Enfin, le premier magistrat de la ville émet un rappel concernant le respect des règles liées à la commande publique : “ Je m’étonne d’ailleurs que des éléments précis aient “fuités” alors que des règles strictes encadrent les mises en concurrence. La rupture d’égalité d’accès à la commande publique est punie de 4 ans d’emprisonnement et de 400.000 euros d’amende lorsque l’auteur est élu.” En attendant, les parents restent mobilisés, avec une action prévue mercredi 2 juin afin de présenter aux autres usagers de la crèche leur pétition dans le but de faire pencher le choix de la mairie. F.D.