L’incendie meurtrier qui a eu lieu dans la commune a fait un mort. Depuis ce jour, privées de leur toit, d’autres victimes peinent à retrouver une vie “normale”. Fabrice Brunet est l’une d’entre elles. Il témoigne.
Comment s’est déroulée la soirée de l’incendie pour vous et votre famille ?
Vers 23h15, j’ai vu une lumière bleue et blanche par la fenêtre de mon salon, c’était l’ambulance des pompiers stationnée tout au fond de l’impasse. Je suis monté dans la chambre de ma fille d’où j’ai aperçu de la fumée. J’ai tout de suite pensé à un incendie. Ce qui m’a très vite été confirmé. Lorsque nous avons évacué la maison, les flammes sortaient déjà du balcon puis du toit de mon voisin M. Cerri. J’ai compris que le feu ne serait pas maîtrisé très facilement, tout s’embrasait à une vitesse folle, l’accès à l’extérieur et à l’intérieur était impossible à cause de tous les objets accumulés par mon voisin depuis des années bloquant tous les passages. J’ai réussi à accéder à l’arrière de ma maison. Pendant plus de 30 minutes, j’ai arrosé comme j’ai pu un côté du toit pour limiter la propagation avec l’espoir de sauver ma maison. Après avoir entendu plusieurs petites détonations sur le lieu de l’incendie, je suis revenu dans ma cour et les gendarmes nous ont demandé de quitter les lieux par sécurité. Après une vive altercation avec le Maire, nous avons été orientés vers la salle des fêtes avec nos voisins de l’impasse mais nous n’y sommes pas restés très longtemps.
Avez-vous pu être accueillis chez des proches ?
Ma belle-sœur nous a accueillis ce soir-là et, deux semaines après, nous sommes toujours hébergés chez elle. Mon beau-père de 77 ans, qui a également été évacué, vit pour le moment chez son frère. Le chemin va être très long avant de retrouver notre maison.
Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je me sens impuissant, désarmé, attristé, résigné de voir ma maison qui avait été entièrement rénovée partir en fumée. Mes enfants sont encore choqués de cette terrible nuit. Cela fait 15 jours que nous sommes à la recherche d’une location, 15 jours que nos valises sont à côté d’un clic-clac, 15 jours que notre quotidien est rythmé par les assureurs, les experts, les agences immobilières les écoles des enfants pour récupérer les livres. Nous sommes en colère, car en déblayant le terrain de notre voisin, ce sont une quinzaine de bouteilles de gaz et 24 tonnes de déchets qui ont été évacuées. Beaucoup de personnes étaient au fait du problème mais aucune mesure n’a jamais été prise à nos yeux. Nous avons d’ailleurs déposé une plainte. Bien sûr, nous restons compatissants envers notre pauvre voisin qui a perdu la vie cette nuit tragique. Pour nous, le chemin va être terriblement long pour reconstruire nos vies et notre maison de famille qui venait d’être rénovée. S.J.