
Événement au pays des mille étangs, lundi 30 novembre 2020, les toutes premières carpes de Dombes Bio ont été pêchées dans un étang appartenant à Bernard Masurel. Cet habitant de Rignieux-le-Franc est l’un des premiers pisciculteurs du territoire à avoir converti ses étangs dans une démarche bio.
Installé depuis 1976 à Turus, lieu-dit le plus éloigné du centre village de Rignieux-le-Franc à la limite de Saint-Éloi, Joyeux et Versailleux, Bernard Masurel est apiculteur et pisciculteur. Avant de tenir durant 20 ans une ferme pédagogique “La Ferme des Enfants” avec son épouse Corinne, cet amoureux de la nature élevait un troupeau de chèvres et vendait ses miels et fromages sur les marchés de Lyon. Ce producteur de longue date s’est notamment investi dans la création des Fermiers de la Dombes, le premier point de vente direct de produits fermiers collectifs à Villars-les-Dombes. “Une expérience humaine très intéressante” confie l’intéressé qui possède quatre étangs dont trois situés autour de son exploitation comprenant 15 hectares de prairie. Propriétaire des étangs Victor, Moulin et, en indivision avec sa sœur, de La Lansardière, Bernard Masurel exploite 40 hectares d’eau.
En 2018, à l’initiative de plusieurs pisciculteurs, l’Association de Promotion du Poisson des Étangs de la Dombes (APPED) appuyée de la Chambre d’Agriculture de l’Ain a souhaité amorcer des échanges avec des organismes de certification afin de faciliter la conversion de pisciculteurs en Agriculture Biologique (AB). C’est ainsi qu’avec Christophe Prévalet, gestionnaire d’étangs pour les Huçuls du Rafour à Monthieux, Bernard Masurel est devenu l’un des premiers pisciculteurs dombistes à s’inscrire dans une démarche bio. “Nous sommes les deux premiers cobayes à s’être lancé là-dedans. Je suis arrivé au Bio à cause des abeilles. J’ai pris conscience des problèmes environnementaux, cela a été pour moi une logique” explique cet habitant rigniard. Deux autres pisciculteurs sont en cours de conversion et, au total, une dizaine d’étangs est déjà engagée dans cette démarche qui demande du temps. “Pour vendre une carpe bio, il faut au moins trois ans” précise Bernard Masurel. Et de poursuivre : “J’ai tout de suite adhéré à l’APPED car j’étais sûr que si la pisciculture voulait survivre, il était nécessaire de faire la promotion de nos poissons. Si on ne communique pas, on est mort ! Grâce à l’APPED, j’avais déjà cette expérience de traçabilité où je remplis des fiches de pêche et d’empoissonnage. Cela permet de suivre le poisson de la naissance à l’assiette. Cela m’a été plus facile d’entrer dans la démarche bio grâce à ce travail en amont”.
Tester l’intérêt des « consomm’acteurs » pour de nouveaux produits
Comment réussit-on à convertir un étang en AB sans traitement insecticide ? “Ce n’est pas insurmontable. C’est à la portée, je crois, de beaucoup d’étangs. L’essentiel est que sur la culture de l’assec, on ne mette rien. Je cultive, par exemple le sarrasin, une culture d’étang qui marche bien car j’ai juste à gratter le fond de l’étang. Il y a zéro entrant, zéro désherbant et zéro engrais chimique. Pour moi, cela m’allait bien car le sarrasin me permet de faire du miel. Sachant aussi que j’ai mis toutes mes prairies en bio, je vends du foin bio, c’est donc cohérent” répond le producteur précurseur.
Lundi 30 novembre, par une matinée automnale frisquette, quelques pêcheurs entourés de représentants de l’APPED et de la Chambre d’Agriculture de l’Ain s’étaient donnés rendez-vous chez Bernard Masurel pour pêcher les tout premiers Poissons de Dombes® certifiés Bio, carpes et blancs essentiellement. En attendant, plus tard, des brochets. Concrètement, cette action collective symbolise l’amorce d’une nouvelle filière ainsi que l’engagement de toute une chaîne : pisciculteurs, collecteurs et transformateurs. L’objectif recherché de l’APPED est de tester l’intérêt des « consomm’acteurs » pour des nouveaux produits élaborés à partir de Poissons de Dombes® certifiés AB. “On est vraiment dans l’amorce de la filière. On va voir avec les transformateurs pour élaborer des recettes nouvelles et, si cela fonctionne, on verra pour massifier les conversions” explique Stéphanie Weber, directrice de l’APPED. “Ce que l’on espère aussi, c’est de mieux valoriser le produit brut pour augmenter les revenus des pisciculteurs” ajoute Jules Blanc, conseiller piscicole de l’APPED. TG