
Depuis quatre ans, les habitants des rues du Trêve et de l’Escot à Montluel vivent dans la crainte que la maison à l’angle s’écroule. Excédés par une situation interminable, ils poussent l’intercommunalité (3CM) à agir.
Cela fait quatre ans que les habitants des rues du Trêve et de l’Escot, proches de la place Carnot, vivent avec cette gêne et cette crainte. Depuis avril 2016, à l’angle des deux voies, une maison est renforcée par d’énormes étais pour l’empêcher de s’effondrer. Classée pendant longtemps en état de péril imminent, celui-ci a été ramené depuis peu à un péril ordinaire, mais sans qu’un réel progrès ait été perçu par le voisinage. Au début, la mairie était en charge de ce genre de péril. Mais, depuis, la gestion de ce type de dossier est passée entre les mains de la communauté de communes. Entre-temps, le propriétaire, Thierry Doyen, habitant Lyon, a bien fait des travaux, puis a fait enlever les étais en juin 2017, le tout sans l’avis préalable d’experts. Ces contreforts sont donc vite revenus boucher la rue de l’Escot, où aucun véhicule ne peut monter, que ce soit pour y porter ses courses, se faire livrer ou laisser le passage aux services de secours.
Habitant au milieu de cette rue depuis six ans, et même si cela lui pèse énormément sur le moral, Mariette Teixeira concentre tous les efforts du voisinage, comprenant une bonne part de personnes très âgées mais “quand je vais voir la 3CM, on me dit que je ne suis pas concernée parce que nous ne sommes pas voisins mitoyens.” Alors, pour prouver que ce n’est pas qu’un souci de mitoyenneté, le collectif de voisins a lancé une pétition le 19 septembre, qui a reçu deux cents signatures sans bouger du coin de la rue et même le témoignage de Montluistes qui leur ont affirmé qu’ils pressent le pas chaque fois qu’ils passent devant.
Mais ce n’était qu’une étape au milieu de multiples procédures, courriers, appels et relances auprès de la mairie, de la 3CM, du Défenseur des Droits à Bourg-en-Bresse, et même au député et au préfet de l’Ain, rien que ces derniers mois. Si le collectif trouve facilement accès à l’oreille et au bureau du maire, qui leur a exprimé son ras-le-bol à lui aussi, il y a l’impression qu’à la 3CM “on se moque de nous.” La communauté de communes leur aurait même conseillé de quitter la rue s’ils se sentaient en danger, témoigne Mariette Teixeira qui ne se voit pas dans ces conditions vendre sa maison au rabais. Idem pour Frédéric Raguet, voisin dont la maison est mitoyenne de celle en péril : en plus des débris qu’il voit tomber sur sa véranda, il y a la peur de ce mur qui dépasse d’un étage son propre toit. Il prévoyait de vendre il y a quelques années, mais cette affaire lui a coupé l’herbe sous le pied. L’affaire avait également été amenée en question diverse lors du dernier conseil communautaire par l’élue montluiste Albane Colin, à qui le président Philippe Guillot-Vignot a répondu que, le péril étant déclassé et devenu ordinaire, la 3CM n’a plus de pouvoir sur ce dossier et que seul le propriétaire de la maison peut faire quelque chose. Mais ce dernier n’a pas les moyens d’entretenir ce bien ni de payer l’amende de la mairie pour occupation abusive de la voie publique et aurait déjà tenté de mettre en vente la maison.
Frédéric Raguet, en contact avec lui, déclare que Thierry Doyen compte bien vendre, même à bas prix, car il souhaite aussi sortir de cette situation, ce qui pourrait conduire au début d’une conclusion dans les prochains mois. En attendant, suivant les conseils du maire qui les avaient reçus le 16 octobre, les habitants ont transmis le jour suivant un nouveau courrier à la 3CM, faisant valoir l’article 511-2 du code de la construction et de l’habitat incluant encore la responsabilité de l’intercommunalité dans ce type de dossier. Ils la mettent donc en demeure d’agir sans quoi ils lanceront une procédure judiciaire.