
Dès qu’arrivent les beaux jours, les immondices se multiplient sur les plages de la rivière d’Ain. Afin de lutter contre ce fléau, un collectif d’habitants a décidé de se retrousser les manches. Un petit groupe de courageux se retrouve chaque lundi à 18h au 4 chemin de la Rivière pour ramasser des déchets dans une ambiance conviviale. Dominique Camard, fin observateur et connaisseur de la rivière dont il est riverain depuis les années 90, est à l’origine de cette action écocitoyenne. Entretien.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis retraité et j’habite près de la rivière d’Ain depuis plus de 25 ans. Je suis un utilisateur usager quotidien de la rivière puisque l’histoire m’a amené ici par rapport à mon activité sportive. Je pratique le triathlon. Pour courir, nager et faire du vélo, le cadre est parfait ! À partir de mars jusqu’à parfois décembre, je nage quasiment tous les jours dans la rivière.
Comment est né ce collectif citoyen lancé depuis peu ?
Il est né tout simplement de rencontres avec des personnes témoins malheureusement des incivilités de quelques-uns car la grande majorité n’est pas irresponsable. Peu importe si ce n’est pas nous qui laissons des déchets, la question est de savoir si nous sommes citoyens ou pas. C’est un vrai débat. A-t-on envie que nos enfants continuent à vivre dans cette “merde” qui va s’aggraver s’il n’y a pas un déclic de citoyens ? Les gens nous voient ramasser des ordures, on fait de la prévention, c’est une démarche très éducative et pédagogique.
Comment s’organise le ramassage hebdomadaire ?
C’est devenu un rituel. Pendant l’été, on se donne rendez-vous chaque lundi à 18h à mon domicile. Vient qui veux. Dès fois, je suis tout seul. On n’est pas nombreux mais je ne désespère pas convaincre des gens. On fait appel aux bonnes âmes de Port Galland et d’ailleurs pour nous rejoindre. La mairie m’a fourni des sacs. On sillonne les berges sur 200 mètres dans un esprit toujours sympathique. On ne va pas jusqu’au pont de Port Galland car on aimerait bien que, sur ce secteur, quelques bonnes âmes se manifestent.
L’état des berges de l’Ain est-il si désespérant que cela aujourd’hui ?
Tout d’abord, depuis 25 ans, la fréquentation de la rivière n’a jamais cessé de croître. Mais, je pense que c’était plus sale il y a 25 ans avec moins de monde. Aujourd’hui, c’est moins sale mais avec plus de monde. Ceci étant, ce sentiment de crasse repose sur une poignée d’individus. Quand, par exemple, vous avez quatre personnes qui arrivent sur la plage avec des sacs remplis de bouffe qui laissent traîner, vous avez l’impression qu’il y a cent personnes qui sont passées… Souvent, certains viennent faire la fête, se déglinguer et une fois qu’ils sont bien défaits, ils laissent tout par terre. Cela met un bordel pas possible alors qu’en général, cela concerne que quelques personnes.
Que répondez-vous à celles et ceux qui ne veulent pas ramasser les déchets des autres ?
Pour moi, ce n’est plus entendable. On a des droits mais on a aussi des devoirs. Le devoir de ne pas salir le lieu est une chose mais aujourd’hui, face à l’urgence climatique et la dégradation de l’environnement, il y a un devoir d’agir. Je crois énormément aux actions citoyennes car les politiques, seuls, ne peuvent pas y arriver.
Quel type de détritus ramassez-vous de manière récurrente ?
Le gros des déchets, ce sont les bouteilles en verre mais aussi les canettes, les cartons d’emballages… Comme la déchetterie est toute proche du pont de Port Galland, certains balancent leurs saloperies directement par-dessus le pont. En nageant, je suis tombé un jour sur des pneus et des batteries de voiture ! Il y a quelques années, il y avait des réfrigérateurs, des gazinières…
Les gens de l’extérieur ne sont pas toujours les seuls pollueurs ?
C’est clair. Les incivilités ne sont réservées aux gens qui n’habitent pas Saint-Maurice. J’en ai d’ailleurs fait les frais douloureux chez moi avec quelqu’un venu vider sa brouette de ciment dans mon jardin. J’ai aussi été témoin de gens se comportant comme des cochons et ce sont des gens d’ici.
Enfin, vous avez installé aux abords de la rivière deux panneaux. De quoi s’agit-il ?
Le maire a pris un arrêté réservant l’accès du chemin de la Rivière aux seuls riverains avec interdiction de stationner compte tenu des nombreuses nuisances. Sur des week-ends chargés, certains riverains ne pouvaient même plus sortir de chez eux. Un autre panneau, préventif, rappelle au public qu’il se trouve dans un site naturel, fragile et classé, avec des règles à respecter comme ne pas faire de feux et respecter le silence après 22h.
Contacts pour rejoindre le groupe : 06-08-84-06-46 ou 06-95-94-95-91.