Mercredi 24 juin était le grand jour pour le cinéma associatif meximiard dont cette année marque déjà les 35 ans d’existence de sa salle de projection ! Après trois mois loin du grand écran et du public, L’Horloge a rouvert ses portes avec des règles strictes de sécurité sanitaire. Le point avec Charles Leite, médiateur en charge des animations et de la communication. En poste depuis septembre 2019, ce dernier est l’un des trois salariés du cinéma avec Maya Abgrall, responsable de l’administration, de la programmation et des animations, et Simon Raveneau, projectionniste.
Comment avez-vous vécu cette longue période où le cinéma était fermé ?
C’était un peu particulier car c’était soudain, et aussi, très incertain. Avec mes deux autres collègues, on a été mis en chômage partiel. On était totalement arrêté sans aucune visibilité sur ce qui allait se passer.
Pour L’Horloge, quelles ont été les conséquences de cette fermeture imposée et prolongée ?
Les conséquences premières furent l’annulation des événements. On avait préparé notamment deux gros événements, à savoir la 34ème nuit du fantastique qui est un rendez-vous du cinéma toujours très attendu et la sixième édition du Festival des Herbes Folles, axée autour de journées sur l’environnement et l’écologie. Sinon, comme tous les établissements qui ont dû fermer, malheureusement, on a eu un impact financier.
Durant le confinement, le public vous a-t-il fait part de son impatience de voir rouvrir au plus vite le cinéma ?
L’impatience, je ne sais pas, mais en tous les cas, du soutien, c’est certain. On a gardé un lien avec les spectateurs sur les réseaux sociaux, notamment par le biais de notre page Facebook. Cela nous a permis de relayer les informations et les animations culturelles. On a aussi organisé deux jeux. On a fait un grand quiz sur quinze jours avec une question par jour sur le cinéma. Les gens qui donnaient la bonne réponse pouvaient ainsi gagner des places gratuites. On était plutôt content des retours.
Cette réouverture a-t-elle été compliquée à gérer pour vous qui êtes salarié du cinéma ?
Oui, cela a été dur. On a repris début juin avec énormément de choses nouvelles et très inédites à mettre en place, en particulier concernant les règles sanitaires et de sécurité. On a reçu de la part de la Fédération des Cinémas, tout un protocole à mettre en place. On a dû le déchiffrer afin de l’adapter à notre salle. Comme L’Horloge est un cinéma associatif avec une cinquantaine de bénévoles dont certains sont formés à la projection et à la caisse, il a fallu faire de la formation pour les bénévoles afin qu’ils soient informés de tout le protocole mis en place, notamment les désinfections après chaque séance. Par ailleurs, dans le respect des gestes barrières et de la distanciation physique, le mètre de distance réglementaire est matérialisé au sol à l’entrée jusqu’à la caisse. Le port du masque est aussi obligatoire dans les espaces de circulation, hors salle. Pour les gens qui viennent séparément, un siège d’écart est nécessaire. Depuis notre réouverture, la limite de jauge a été levée. Avant, on avait le droit à la moitié de la salle (d’une capacité de 161 places), on était donc limité à 80. Désormais, on peut remplir la salle tant qu’il y a un siège d’écart entre les personnes ou les groupes. En tant que salarié, ces mesures nous demandent beaucoup d’efforts et beaucoup de rigueur. Pour le spectateur, je pense que c’est devenu une habitude et ce n’est pas trop perturbant.
Quelle programmation avez-vous opté pour cette reprise ?
Cela a été assez compliqué à mettre en place. Un grand nombre de distributeurs ont décalé la sortie de leurs films, certains même jusque dans un an… Il y a des films qui sont sortis directement en VOD, du coup, en ligne. D’autres sortent en ligne et au cinéma. Un gros travail est donc nécessaire pour démêler tout cela. Au niveau de L’Horloge, on a repris les films qui étaient à l’affiche en mars avant la fermeture du cinéma, à savoir La bonne épouse, De Gaulle et le dessin animé En avant. Par la suite, on va avoir de nouveaux films. Il y a encore des films qui sont en train de bouger au niveau de l’été, ce n’est pas facile d’avoir une visibilité sur le long terme. D’habitude, on programme nos films trois semaines à l’avance. En fonction des conditions, on est passé à deux semaines afin d’avoir une marge de manœuvre et de réadapter suivant d’éventuels changements.
Comptez-vous proposer plus de films aux spectateurs pour compenser ce manque durant trois mois ?
On a repris, pour les premières semaines, un rythme plus lent que d’habitude. Mais je pense qu’on va repartir sur un rythme normal. En fait, c’est toujours aléatoire, cela dépend des semaines et du nombre de films qui sortent. Annuellement, le cinéma ferme deux semaines en août. On aimerait toutefois bien maintenir quelques séances pour éviter de ne pas fermer cet été. C’est encore en pourparlers.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
On va essayer de mettre en place des animations au cours de l’été pour inciter les gens à revenir au cinéma et que l’on retrouve une activité attrayante. Au mois de juillet, L’Horloge va participer au Little Film Festival, un rendez-vous qui s’adresse au jeune public (à partir de 3 ans). À compter du 10 juillet, une séance par semaine sera proposée, le vendredi matin à 10h, sur des thématiques précises qui vont tourner autour de la nature et des animaux. Ces films seront accompagnés d’animations autour de la nature en lien avec l’atelier FICA qui gère un jardin partagé sur Meximieux. Il y aura aussi des “blind test” pour découvrir et reconnaître des sons… Le samedi 4 juillet dernier, on a repassé le film La La Land en version karaoké. Au cours de l’été, on va essayer aussi de repasser des vieux films comme Les Dents de la Mer, avec des animations autour. D’autre part, on va tenter de réorganiser une nuit du fantastique sous une forme qui reste encore à définir. Enfin, à la rentrée, on espère reprendre un cycle d’animations (ciné pizza, Halloween…) avec notre groupe d’ambassadeurs (jeunes de 15-25 ans) que l’on appelle “Les apprentis horlogers”.
Enfin, un mot sur l’association qui gère le cinéma. Comment va-t-elle ?
L’association s’appuie sur une cinquantaine de bénévoles et fonctionne sous forme d’un système collégial avec un bureau élargi. Depuis une dizaine d’années, on a une progression sur les entrées. On a un public assez fidèle, de proximité, très familial… C’est toujours un défi de maintenir un cinéma associatif et c’est en partie grâce aux animations que l’on arrive à se démarquer des Multiplex. À L’Horloge, on essaye de proposer autre chose avec des événements, des ciné rencontres, des ciné goûters, des apéros avant les films, la venue de réalisateurs…
Entrée : 7,20 euros, tarif réduit : 6 euros, jeune (- 16 ans) : 4,30 euros. Cartes d’abonnement adulte : 28 euros pour 5 places, 56 euros pour 10 places. Carte d’abonnement jeune : 20 euros pour 5 places et 40 euros pour 10 places. Les cartes sont valables un an de date à date et sont non nominatives. Plus d’infos : www.cinelhorloge.fr