Au bon vieux temps de l’auberge montilienne

0
1402
Nicole Motte-Sapaly près de l’ancienne entrée de l’auberge du village (© Bugey Côtière)

Nicole Motte-Sapaly dont les parents Gaby et Pierrot ont tenu les rênes de l’auberge du Montellier de 1963 à 1977, nous livre quelques souvenirs croustillants de ce commerce qui a fermé ses portes il y a déjà une vingtaine d’années. À consommer sans modération.

Ancienne ferme traditionnelle dombiste transformée en bistrot, l’auberge des chasseurs a véritablement marqué l’histoire de la commune. Nicole Motte-Sapaly avait 16 ans quand ses parents décidèrent de racheter ce fonds de commerce à la famille Groby. Sa mémoire des lieux est toujours intacte : “C’était une grande propriété d’un hectare qui appartenait à Maurice Berliet. Les habitués avaient accès par une cour intérieure. De chaque côté de cette cour, il y avait deux bâtiments identiques. Les étables qui liaient ces deux bâtiments ont été rasées au début des années 1960. Mon père adorait les fleurs, l’endroit était très coquet. En entrant dans la cour, sur le côté droit de la remise, on pouvait apercevoir les trophées de chasse africaine de Maurice Berliet qui participa à la mission Ténéré, il y avait un grand Koudou, des gazelles, des buffles…”. La propriété descendait jusqu’à un étang et, derrière les dépendances, se trouvait un grand parking où se tenait la vogue annuelle au mois d’août.
Fermé le lundi, l’auberge était ouverte toute la semaine. “Le week-end, j’aidais mes parents pour le service. On affichait très souvent complet avec plus d’une centaine de couverts. On a fait notre réputation grâce à une bonne cuisine du terroir : poulet à la crème, gratin dauphinois, gibiers à l’automne… Quand il y avait des pêches d’étang, on allait chercher les poissons. Ma mère cuisinait la carpe farcie et le brochet en mayonnaise. La salle du restaurant était assez traditionnelle, tout en bois, avec des lampes et des serrures réalisés par le forgeron du village M. Bejoin qui était notre voisin. Il y avait une très belle terrasse ombragée de platanes avec six jeux de boules à la lyonnaise qui ont accueilli les championnats départementaux. Les perdants embrassaient la fanny quand ils avaient zéro point”. Principalement lyonnaise le week-end, la clientèle était composée d’industriels, d’ouvriers agricoles et d’étrangers de passage (Suisses, Italiens et Belges). “On en a vu du monde et des gens très différents. C’était un endroit où il y avait de l’espace, les gens de la ville s’y sentaient bien” se souvient Nicole Motte-Sapaly, aujourd’hui paisible retraitée installée à Meximieux.
Après quatorze années de gérance et de rencontres inoubliables, Gaby et Pierrot Motte cédèrent le commerce en 1977 à Danielle et Guy Cochet, derniers restaurateurs du village qui cessèrent l’activité au milieu des années 1990. La fin d’une belle histoire.
Rénovés en 2013, les bâtiments de l’auberge et ses dépendances abritent aujourd’hui cinq appartements et un lotissement de huit maisons s’est construit à l’emplacement des anciens jeux de boules et du parking. “Cela me fait pleurer de voir comme c’est devenu” confie avec émotion Nicole Motte-Sapaly qui, pour les besoins de notre reportage, a accepté de revenir sur les lieux d’une partie de sa jeunesse. T.G.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here