18 emplois vont être supprimés au fret SNCF d’Ambérieu. Un nouveau coup dur pour un site qui compte à présent 120 personnels alors qu’il en comptait encore 700 au début des années 90. Pour Franck Vautrin, secrétaire générale de la CGT des cheminots, la direction préfère investir dans le camion plutôt que dans le train. Tant pis pour la transition énergétique…
Ambérieu va-t-elle perdre son surnom de “cité cheminote” ? C’est ce que redoutent sans doute les cheminots d’Ambérieu suite à une nouvelle annonce de suppression de postes au niveau de l’activité du fret.
C’est la direction fret de Chambéry qui en a fait l’annonce lors d’une réunion du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). “C’est une déclinaison nationale de la stratégie de SNCF” expliquait Franck Vautrin, cheminot d’Ambérieu et secrétaire générale du syndicat CGT des cheminots. Cette stratégie d’économie de postes vise entre 500 et 800 suppressions sur le plan national. A Ambérieu, 18 emplois sur les 50 postes de sédentaires du fret, ceux qui préparent les convois de fret, seront supprimés au 1er octobre 2019 après une première vague moindre en juillet. Les 70 postes de la traction ,les conducteurs, ne sont pas concernés. Du moins “pour l’instant, mais au bout d’un moment ils seront aussi impactés” estimait le syndicaliste d’Ambérieu.
C’est encore une autre mauvaise nouvelle pour le fret ambarrois qui a compté à la belle époque jusqu’à 700 employés. Mais c’était avant la fermeture du faisceau au début des années 90 qui allait faire fondre le nombre d’emploi au fret d’Ambérieu, en privilégiant notamment le camion pour remplacer les petits convois ferroviaires. Il y a certes une baisse d’activité au fret d’Ambérieu actuellement, mais elle est anecdotique selon Franck Vautrin. “Mais comme on a moins de moins en moins d’agents, on ne peut pas répondre à tous les appels d’offre” pour conquérir de nouveaux marchés fret. Du coup avec cette nouvelle annonce, le fret aura encore moins de moyens pour rivaliser face à la concurrence.
Pour le syndicaliste ambarrois il ne fait pas de doute que la SNCF veut tuer l’activité fret pour favoriser le camion. “La politique ferroviaire mise en place par la direction nationale est contre le fret” affirmait Franck Vautrin. “Ça a commencé en 2008 quand la SNCF a racheté 98% des parts de Géodis, une entreprise de transport routier” poursuivait-il. Et mieux que les discours, le secrétaire de la CGT mettait en avant certains chiffres, plus parlants. “J’ai constaté qu’en 10 ans, la SNCF a investi 8 milliards dans le transport par route, et 2 milliards pour le fret, en plus de 10 ans”. Une aberration à l’heure de la transition écologique pour le syndicaliste et aussi une concurrence pour l’activité fret. “On se crée nous-même de la concurrence avec le transport en camion, mais aussi sur le fret avec VFLI, une filiale de la SNCF mais qui s’aligne face à nous sur les appels d’offres. Alors que quelque fois, ils nous sous-traitent le travail…”.
Actuellement, le Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise (le CFAL) semble avoir été remis sur le tapis et pourrait peut-être donner du travail au service fret d’Ambérieu. “Ambérieu est un nœud ferroviaire important on peut aller de partout, Paris, l’Italie, l’Allemagne, le sud de la France…” reconnaissait le syndicaliste “mais on est dans l’incapacité de répondre aux appels d’offre”. Franck Vautrin a par ailleurs du mal à croire que ce projet qui vise à détourner le fret de Lyon en passant notamment par Ambérieu arrivera au bout. “Le CFAL, c’est l’Arlésienne qui revient quand on veut parler de transition énergétique. Mais je n’y crois pas. Regardez la plateforme de ferroutage d’Aiton en activité depuis 2015. Elle devait faire passer entre 500.000 et 600.000 camions de la route sur le ferroviaire, mais aujourd’hui elle n’en fait que 50.000 par an. Ça ne marche pas. Quand l’Etat a vendu les autoroutes à des entreprises privées, on a dû leur garantir qu’on n’enlèverait pas les camions des routes de sitôt…”.
D’ici octobre 2019, la CGT va provoquer des réunions pour définir des contre-propositions à produire devant la direction pour maintenir les emplois à Ambérieu. “On sera intransigeant sur les postes supprimés à Ambérieu qui seront en fait transférés sur Chambéry. Il y a encore du travail au fret et on a tout de même quelques perspectives sur les appels d’offre. On verra ce que la direction propose. Mais si on ne nous écoute pas, on partira en conflit. A Ambérieu, on ne s’est jamais laissé faire” rappelait le syndicaliste.
Ambérieu n’est peut-être plus une cité cheminote, mais Ambérieu reste Ambérieu la rebelle.