Vendredi, la salle des fêtes accueillait une conférence dédiée à la colonie des enfants d’Yzieu et animée par Yann Soulier, professeur d’histoire.
En préambule, Yann Soulier a expliqué quel était le contexte des zones libres et occupées. Il a ensuite présenté au public le rôle joué par Sabine Zlatin et son mari Miron, tous deux nés en Pologne, et ont été naturalisés français en 1939. Sabine Zlatin, était membre de l’OSE (œuvre de secours aux enfants), association qui tentait d’exfiltrer les enfants juifs des camps d’internements. L’OSE va créer des structures d’accueil pour recevoir les enfants en zone libre, et Sabine Zlatin, sera avec son mari, mais aussi avec l’aide du sous-préfet de l’Ain, à l’origine de la création de la colonie d’Yzieu. Elle en sera par la suite la directrice. De nombreux enfants transiteront par cette colonie, avant d’être exfiltrés vers la Suisse ou reçus dans des familles d’accueil. La guerre évolue et l’emprise des nazis est de plus en plus forte sur les populations visées. Début 1944, Sabine Zlatin accélère les démarches pour sauver les colonies. Mais le 6 avril 1944, c’est la tragédie. Deux camions et une voiture viennent chercher les 44 enfants et 7 adultes présents, ils seront d’abord tous internés à Lyon, dans la prison de Montluc. Le 6 avril au soir, Klaus Barbie envoie un message à Berlin pour annoncer l’intervention qui vient d’être réalisée. C’est ce document, un télégramme, ainsi que le témoignage de Sabine Zlatin, qui permettra de nombreuses années plus tard, la condamnation de Barbie pour crimes contre l’humanité.
Le 7 avril, les enfants sont transférés à Drancy, puis le 13, une partie d’entre eux est envoyée à Auschwitz-Birkenau, où ils sont, dès leur arrivée, conduits vers leur funeste destin. Au cours des mois d’avril, mai et juin, d’autres enfants de la colonie connaîtront le même sort tragique, à l’exception de 2 d’entre eux et de Miron Zlatin. Ceux-là seront déportés en Estonie dans un camp de travail, avant d’être fusillés fin 1944. Une seule éducatrice survivra. Utilisée comme “cobaye” par les médecins nazis, elle sera libérée en janvier 45, puis rapatriée en France.
Sabine Zlatin, entrée en résistance, se trouvait à Montpellier le jour de la rafle. Dès 1946, elle obtiendra des autorités la pose d’une plaque à la mémoire de tous ces enfants. Toutefois, elle estime que son combat n’est pas terminé, son souhait étant que la colonie devienne un mémorial. Elle s’y consacrera sans relâche et ce sera enfin fait le 24 avril 1994 lorsque François Mitterrand est venu inaugurer ce lieu hautement symbolique.
Un récit passionnant et émouvant que Yann Soulier a retranscrit avec passion, et qui a soulevé de nombreuses questions parmi le public.