Le 18 octobre 1928, un fait divers tragique bouleversa la vie quotidienne des habitants du canton de Meximieux. Un crime barbare est perpétré à l’écart de la ville, route de Chalamont. A cet endroit, une croix en pierre a été érigée par la veuve Faucher en mémoire de son mari lâchement tué.
Avec son scénario terrifiant, l’arrestation du meurtrier, la reconstitution du crime et son procès très médiatisé, cette histoire qui s’est déroulée il y a tout juste 90 ans, collerait parfaitement aujourd’hui à la célèbre émission de télévision Faites entrer l’accusé qui retrace les grandes affaires criminelles. Nous sommes le jeudi 18 octobre 1928, il est 6h30 du matin quand Louis Faucher, facteur à Meximieux et originaire de Saint-Jean-de-Niost, effectue sa tournée postale quotidienne à pied, longue de 24 kilomètres, qui l’emmène jusqu’à Rignieux-le-Franc en passant par la ferme du Favier. Ce jour-là, le fonctionnaire des PTT est pressé, refusant même de partager une assiette du casse-croûte matinal des paysans de la ferme du Favier. Après avoir déposé son unique chargement en numéraire, Louis Faucher reprend sa route quand l’autocar en provenance de Bourg-en-Bresse approcha de Meximieux pour déposer des voyageurs à la gare. À cette heure matinale, le train en partance pour Lyon n’attend pas. C’est aussi l’heure où un agresseur, caché dans d’épais fourrés, attend sa victime. Surgissant d’une haie, celui-ci se jeta par-derrière sur le malheureux facteur et le roua de coup à la tête. Tout en sang, le cuir chevelu déchiré, Louis Faucher se releva en hurlant. Déjà en fuite, l’agresseur revint alors sur ses pas, sorta un rasoir de sa poche et lui trancha froidement la carotide. Une scène d’une rare sauvagerie que le chauffeur du car peina à comprendre. Ce dernier choisit de poursuivre son chemin afin de déposer ses voyageurs pour la correspondance ferroviaire. Ce n’est seulement qu’en arrivant à bon port qu’il informa le chef de gare de ce qu’il a vu qui, aussitôt alerta la gendarmerie. Mais le tueur était déjà loin et Louis Faucher, affreusement blessé, gisait dans une mare de sang. La nouvelle ne tarda pas à se répandre dans toute la ville consternée.
L’odieux personnage est démasqué
Dans sa fuite désespérée, l’assassin trouva refuge dans un café du Pont de Chazey. Surpris par son comportement agité et ses vêtements tachés de sang, l’homme prétexta une chute et demanda à un camionneur de l’emmener à la gare d’Ambérieu. Chopant le premier train venu pour Lyon, le fuyard dont le visage dissimulé sous une grande casquette, suscita l’attention des voyageurs du compartiment. Sautant du train avant d’arriver aux Brotteaux où des gendarmes étaient présents, ce dernier prit la fuite sans savoir que la maréchaussée était en possession d’informations importantes le concernant. Une rapide enquête de voisinage, conduite dans la journée par la gendarmerie de Meximieux épaulée par la sûreté urbaine de Lyon, permettra en effet d’identifier l’assassin. Sans le moindre doute, il s’agit d’un homme de Saint-Jean-de-Niost où est issu Louis Faucher. Ces derniers temps, ce sinistre individu déjà connu des services de police et de gendarmerie pour des faits d’escroquerie, d’extorsion de fonds et des menaces de mort, harcelait Faucher afin de lui soutirer de l’argent. Résidant un garni du 6ème arrondissement de Lyon, le suspect qui avait abandonné sa famille fut très vite localisé par les gendarmes qui trouvèrent à son domicile, des vêtements maculés de sang. Cueilli à la sortie d’un coiffeur où il s’était fait raser la tête, il est arrêté non sans s’être rebellé violemment. Niant tout en bloc, l’homme n’avouera rien malgré l’expertise du laboratoire de police qui trouva du sang et des restes de cuir chevelu de la victime sur le bâton de merisier l’appartenant. Le meurtrier est alors incarcéré. Le 21 octobre, les funérailles de Louis Faucher sont célébrées à Meximieux en présence de plus de 1.500 personnes où l’émotion est à son comble. Le 30 octobre a lieu la reconstitution de l’assassinat. La gendarmerie peine à contenir la foule considérable qui réclame une mise à mort sur le champ. Sur le lieu du crime, chemin de Favier, l’assassin fini par reconnaître sa culpabilité. Le 12 décembre 1928 débute le procès en cour d’assise dans une salle comble. Le public attend que soit prononcée la peine de mort. Mais le matin même, le principal coupable est retrouvé mort dans sa cellule après s’être pendu avec ses couvertures. L’action judiciaire est éteinte de fait. Le plus troublant est que quelques jours avant sa mort, Louis Faucher avait confié ceci à son épouse : “Je ne suis pas tranquille, j’ai l’impression qu’un individu me suit depuis quelque temps…”.
Sources : d’après un article de Patrick Dalmaz dans la revue de l’Académie de la Dombes n° 34.