Mardi matin, un peu avant 6h30, un drone à l’effigie de Superman a survolé la centrale nucléaire avant de venir s’écraser contre le mur d’enceinte de la piscine d’entreposage. L’organisation de défense de l’environnement Greenpeace a aussitôt revendiqué cette action. L’objectif était d’alerter les populations sur l’incapacité des services de sécurité à réagir face à ce type d’intrusion. Cette opération n’est pas sans rappeler les multiples survols effectués par des drones au-dessus de plusieurs centrales françaises en 2014. Malgré un renforcement de la surveillance, les auteurs n’avaient jamais pu être identifiés.
Mardi 3 juillet, au petit matin, un étrange engin volant a survolé la centrale nucléaire du Bugey. Il s’agissait d’un drone recouvert d’un costume de Superman. Quelques secondes plus tard, l’appareil est allé s’écraser contre la paroi d’enceinte d’un bâtiment abritant une piscine d’entreposage des combustibles usés. Un acte qui n’a eu aucune incidence sur la sécurité des installations, et qui a été revendiqué quelques heures plus tard par les militants de Greenpeace qui a pu filmer l’intégralité de la scène avec un autre drone, qui survolait également l’espace aérien interdit de la centrale nucléaire.
L’organisation souhaitait dénoncer une nouvelle fois “les failles de sécurité des installations nucléaires”, alors que la Commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaire s’apprête à publier son rapport.
EDF a immédiatement décidé de porter plainte contre Greenpeace, qui n’en n’est pas vraiment à son coup d’essai ici. On se souviendra notamment qu’en mai 2012, un militant avait survolé la centrale en parapente, larguant un fumigène avant de se poser au beau milieu des infrastructures. Un peu plus récemment aussi, ce sont des drones qui ont été aperçus à plusieurs reprises alors qu’ils survolaient la centrale. D’autres installations nucléaires en France ont été concernées par des actions identiques, sans que jamais les auteurs ne puissent être formellement identifiés. Au mois d’octobre 2014, il était même demandé aux militaires du Peloton spécialisé de Protection de la Gendarmerie, unité tout particulièrement familiarisée avec l’environnement de la centrale nucléaire du Bugey, de renforcer leur surveillance à proximité des infrastructures et de tirer à vue dès lors qu’un objet volant non identifié s’approcherait du périmètre aérien interdit.
À l’époque, l’exploitant nucléaire, tout comme les membres du gouvernement interpellés à ce sujet, n’avait de cesse de rassurer la population en rappelant que ces survols ne sauraient présenter “un danger sérieux pour les installations”. Sans doute, mais ces actions faisaient comme qui dirait, “tâche”, en matière de sécurité intérieure. L’organisation Greenpeace, déjà bien rodée à des actions spectaculaires, était alors pointée du doigt. Elle a cependant toujours démenti formellement toute implication dans les survols effectués par des drones, revendiquant son principe d’agir tout le temps à visage découvert.
C’est d’ailleurs ce qui a été fait ce mardi 3 juillet, Greenpeace se félicitant une nouvelle fois de faire apparaître au grand jour des lacunes concernant la protection du site nucléaire, et pointait du doigt l’incapacité à réagir assez rapidement lors d’une menace survenue par le ciel, alors que l’espace aérien à proximité du site est théoriquement interdit à tout survol. L’organisation affirme que la menace est d’autant plus réelle, que “les piscines d’entreposage de combustible usé n’ont pas été dotées d’une enceinte de confinement robuste. Contrairement, à ce qu’EDF tente de faire croire, ses installations n’ont pas été conçues pour résister à une chute d’avion de type gros porteur”.
Une plainte déposée mais “aucun impact sur la sûreté des installations”
De son côté, le collectif local Stop Bugey n’a pas tardé non plus à se manifester. Il a rappelé avoir envoyé à la commission d’enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, un long courrier, pour faire part de ses vives inquiétudes en matière risques externes liés aux actes terroristes, évoquant notamment les menaces de chute d’un avion sur le site, mais aussi l’exposition des bâtiments nucléaires à des tirs de roquettes ou de missiles depuis l’extérieur. EDF, de son côté, n’a pas souhaité s’étendre davantage sur le sujet, la réaction se limitant à transmettre un simple communiqué à nos confrères de l’AFP : “Mardi 3 juillet, à 06H27, les équipes de la centrale nucléaire du Bugey ont détecté la présence de deux drones survolant le site. Un des deux drones a été intercepté au sol par les forces de gendarmerie. La présence de ces drones n’a eu aucun impact sur la sûreté des installations”
Damien Abad et Charles de la Verpillière condamnent l’action de Greenpeace
Les députés de l’Ain, Damien Abad et Charles de la Verpillière, ont souhaité réagir à cette action par un communiqué conjoint. Ils condamnent tous deux cette opération menée par Greenpeace et réclament que l’affaire soit portée en justice : “Nous condamnons fermement l’action de Greenpeace qui a fait s’écraser des drones sur la centrale nucléaire du Bugey. Cet acte est d’abord irresponsable car les drones auraient pu blesser des personnels présents sur le site. Il est également dérisoire car il ne prouve rien, sinon la soif de publicité de Greenpeace. Des délits ont été commis. Ils doivent être punis. Nous demandons au gouvernement de saisir la justice pour que des sanctions soient prononcées.”