La Saint-Vincent, le Saint patron des vignerons, a été célébrée à Lagnieu. Une petite fête en musique avec quelques produits locaux à déguster où étaient présents des vignerons du secteur et le dernier vigneron de Lagnieu.
Faute d’un mercure en dessous du zéro, la célébration de la Saint-Vincent n’a pu avoir lieu cette année au grangeon aménagé en petit musée de la vigne. Mais le décor de repli était on ne peut plus dans le ton de cette tradition avec la cave du château de Montferrand qui a fait office de salle de cérémonie.
La Bramafan’ fare et les cors de chasse du Rallye bugiste ont assuré l’ouverture en musique avant le pot de l’amitié offert dans la cave du château Montferrand. Un patrimoine bâti pour servir de cadre à un patrimoine immatériel avec cette fête de la Saint-Vincent, tradition qui a repris à Lagnieu, même si l’activité viticole n’est plus d’actualité. Il y a 100 ans encore, les vignes couraient tout le long du coteau des collines du Bugey, d’Ambérieu jusqu’à Groslée. Lagnieu a même été l’un des vignobles les plus importants du Bugey au XIXème siècle.
Parmi les invités de cette Saint-Vincent qui a été relancée à Lagnieu en 2015 après une quinzaine d’années de mise en sommeil, on comptait quelques vignerons des environs, ainsi qu’Antoine Rigollet, dernier vigneron de Lagnieu à présent en retraite. Il représente un patrimoine vivant à travers les souvenirs de son exploitation de la vigne sur les coteaux de la ville. Né en 1933, Antoine Rigollet a longtemps cultivé deux hectares de vignes qui se situaient derrière l’usine de verre Verallia, où il travaillait d’ailleurs également pour assurer une paie et faire manger la famille. Antoine a cultivé les cépages hybrides venant d’Amérique qui avaient remplacés les cépages autochtones décimés par le phylloxéra dans la seconde moitié du XIXème siècle. Noah et Othello étaient ainsi cultivés par Antoine puis remplacés par d’autres cépages après l’interdiction de 1935 qui a forcé les vignerons à peu à peu arracher leur vigne, après une période de résistance. Les pouvoirs publics avaient pris cette décision pour des raisons sanitaires : les vins produits à partir de ces cépages présentaient un taux de méthanol très élevé. Jusqu’à aujourd’hui, les aînés disent encore dans certains coins du Bugey que ces vins rendaient fou !
En retraite depuis 1993, Antoine Rigollet, porteur de l’ancienne hallebarde du syndicat des vignerons de Lagnieu, a dû laisser les outils de côté. Mais à 84 ans aujourd’hui, il est toujours en lien avec la vigne en gardant un œil attentif au grangeon réaménagé en petit musée de la vigne. Il a d’ailleurs confié plusieurs de ses anciens outils de vigneron pour les exposer au grangeon.
Il est toujours difficile de quitter un métier qui est aussi une passion.
Un syndicat agricole et viticole a été créé au début des années 1900 et rassemblait presque toutes les familles de Lagnieu. A l’époque, tout le monde ou presque cultivait son arpent de vigne. A Lagnieu et sur ses environs, 30.000 litres de Marc du Bugey étaient produits, 750 hectares de vignes étaient cultivés et donnaient chaque année 3 millions de litres de vin. La Saint-Vincent a été fêtée à Lagnieu chaque année jusqu’en 2000-2001, organisée par le syndicat viticole. A la belle époque de la vigne, cette fête se fêtait le 22 janvier, le jour de la Saint-Vincent. La veille, la grosse cloche, le bourdon, annonçait aux vignerons qu’ils devaient se préparer pour le lendemain. Puis le jour J, le bourdon résonnait une fois de plus pour annoncer à toute la paroisse la messe de la Saint-Vincent. Le curé bénissait alors la hallebarde garnie de raisins, ainsi que le pain offert par les vignerons. Puis à la sortie de la messe, tous assistaient à un banquet servi à la mairie. Après ce repas festif, l’orchestre faisait le tour de ville en accompagnant la hallebarde escortée par les conscrits. Et le soir, un grand bal clôturait cette fête.
Source : “Lagnieu votre ville” juillet 2015.